Emmanuel Lataste : l’art de deviner le taureau
SAINT-TITE. Natif de Montfort-en-Chalosse dans le sud-ouest de la France, le sauteur de taureau (bull jumper) Emmanuel Lataste s’est établi en 2017 à Saint-Tite après avoir rencontré l’amour. Le Saint-Titien d’adoption est le seul sauteur de taureau professionnel au monde, et il sera en spectacle une seule fois lors du rodéo du samedi 10 septembre au Festival western de St-Tite.
C’est le Festival western de St-Tite qui a ouvert les portes au Français de 36 ans pour une première prestation en Amérique du Nord en 2013. Emmanuel et Cédric Flory, un Québécois résident à St-Jean-sur-le-Richelieu, ont créer leur compagnie Bull jumping pro. » On est venu se montrer gratuitement en 2013 pour une démonstration. Ça aurait pu se terminer après cette première performance si ça n’avait pas marché. Mais ça fait l’effet contraire, un tremplin. «
C’est à l’âge de 14 ans qu’Emmanuel a défié un taureau pour une première fois dans son patelin français. Il faut savoir que la course landaise existe dans le sud de la France depuis des centaines d’années et que cette discipline fait partie de la culture de cette région.
» Je suis né en plein milieu de cette zone, alors ça fait partie de moi. Il faut comparer la discipline au hockey ici. On n’oblige pas les enfants à jouer au hockey, mais c’est une évidence qu’à un moment, un enfant aura une crosse de hockey dans les mains pour aller jouer avec des amis. Chez moi, il y a une arène dans chaque village. Tous les jeunes iront dans une arène au moins une fois, c’est culturel! «
Si la discipline fait partie de la culture du sud de la France, il n’y a aucun torero professionnel. » Jamais personne n’a pu vivre de ça jusqu’à moi. J’ai toujours travaillé et souhaité faire évoluer la discipline pour que ça devienne une profession. Mais ce n’est jamais arrivé chez moi. C’est par le projet de l’entreprise Bull jumping pro de Cédric et moi qu’on a pu y arriver. Je suis devenu le premier sauteur de taureau professionnel et je suis encore le seul à l’heure actuelle. «
Depuis 2016, Emmanuel Lataste peut vivre de sa passion.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la discipline de saut du taureau est très dangereuse. Manu met sa vie en danger et s’est blessé gravement deux fois.
Quel est son sentiment avant de rentrer dans l’arène? » La peur! Si on n’a pas peur, c’est qu’on est fou! Et si tu ne contrôles pas cette peur, c’est que tu n’es pas bon. C’est universel. C’est valable pour tous les participants dans toutes les disciplines. C’est valable pour tous les sports incluant un animal ou une dose de risque extrême, comme sauter d’une falaise. Si la peur prend le dessus, on est perdu. «
Déceler les mouvements du taureau est un art pour le sauteur de taureau. » Dès que je rentre dans l’arène, je ne vois plus que lui. Je ne me perds pas avec la foule pour oublier le taureau. Je suis capable de faire une communion avec le taureau, mais communion ne veut pas dire bon spectacle. Parfois, je tombe sur des taureaux qui entrent dans l’arène et qui me disent dans leur langage… Je ne vais rien faire pour t’aider. Le taureau se met dans un coin et il ne veut pas jouer. Le spectateur ne comprend pas ce qui se passe quand ça arrive. Dans ces moments-là, on a toujours un taureau de réserve. «
C’est pourquoi depuis quelques années, M. Lataste offre la possibilité aux producteurs d’acheter l’homme et les bêtes. » Par exemple, j’emmène ce que j’ai de mieux à Saint-Tite. Jusqu’en 2016, je sautais des taureaux emmenés par quelqu’un d’autre. Je ne connais pas l’animal et je dois le sentir quand il rentre dans l’arène. C’est le cas pour la majorité de mes spectacles aux États-Unis. «
C’est d’ailleurs ce qui a fait la différence au printemps dernier lorsqu’Emmanuel a remporté l’émission américaine extrême » Go big show » et le premier prix de 100 000$ américain. Il a dominé les 36 artistes. Les juges lui ont attribué la première place pour avoir dompté la bête.
Que représente le Festival western de St-Tite maintenant que M. Lataste demeure dans la ville du cuir? » Le Festival est toujours aussi important pour moi dans la mesure que ç’a été ma porte d’entrée en Amérique du Nord. C’est l’événement le plus visité du Québec et c’est l’image du rodéo au Québec. C’est le rendez-vous à ne pas manquer. C’est la place à être! «
Si vous manquez la seule prestation d’Emmanuel Lataste le 10 septembre , il devrait être de retour en force pour toute la durée du Festival western en 2023.