Malgré un revers en partielle, les ministres libéraux ralliés derrière Justin Trudeau

OTTAWA — Après la défaite du parti aux élections partielles de Toronto, dans une circonscription qui était considérée jusqu’ici comme un château fort libéral, plusieurs ministres du cabinet Trudeau réitèrent qu’ils sont à l’écoute des électeurs mécontents.

À l’approche du circuit des barbecues d’été, les membres du cabinet du premier ministre Justin Trudeau se sont déployés à travers le pays pour informer les Canadiens du travail qu’ils ont accompli sur leurs dossiers.

Mais chaque ministre qui s’est approché du micro et des journalistes a plutôt été bombardé de questions sur la détérioration des perspectives politiques de son gouvernement après la défaite des élections partielles face aux conservateurs.

Les électeurs ont envoyé aux libéraux un message qu’ils ne peuvent ignorer, a déclaré le ministre de l’Immigration, Marc Miller, lors d’une conférence de presse mercredi à Montréal, ajoutant que le parti devait écouter les gens et «remonter à cheval».

«Nous devons écouter les gens qui ont voté de la manière dont ils ont voté, nous remettre la tête sur les épaules et passer à la suite», a-t-il dit.

Le meilleur contre Poilievre

M. Miller a déclaré que le chef conservateur Pierre Poilievre «militarise» les frustrations des Canadiens à l’égard des libéraux – des préoccupations qui n’ont rien à voir avec ce qu’ils pensent de l’opposition officielle.

«Il me rappelle un gérant de lutte des années 80, criant simplement des slogans (…) et tout le monde aime huer ou applaudir. Je ne sais pas pourquoi c’est devenu l’état de la politique canadienne, mais c’est ma perception des choses, a déclaré M. Miller. Ce n’est pas un match du WWF, c’est la réalité. Les Canadiens souffrent et nous devons nous battre pour eux.»

Les ministres qui se sont exprimés mercredi ont déclaré que Justin Trudeau était la meilleure personne pour mener les libéraux aux prochaines élections contre Pierre Poilievre, malgré les faibles résultats des sondages personnels du premier ministre.

«Il a toute ma confiance et mon appréciation quant à son rôle de leadership au sein du parti et du gouvernement», a déclaré mercredi à Québec le ministre de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos.

Il est allé jusqu’à affirmer que M. Trudeau mènera les libéraux à une autre victoire électorale en 2025.

De son côté, la ministre et coprésidente de la campagne libérale Soraya Martinez Ferrada a indiqué en entrevue avec La Presse Canadienne que Justin Trudeau est «le meilleur campaigner» qu’elle connaisse.

L’élue est aussi d’avis que le premier ministre peut encore surprendre lors de la prochaine campagne électorale, qui devrait commencer à l’automne 2025.

«Il nous reste un an et demi. Alors on a le temps de prendre les leçons de St. Paul’s, puis se retrousser les manches, puis s’organiser pour être présent pour la prochaine campagne. Puis je pense que Justin peut faire ça.»

Selon Mme Martinez Ferrada, il n’y a pas d’inquiétudes au caucus quant au leadership de Justin Trudeau. «La question est plus comment on s’organise mieux, puis comment on fait les choses différemment pour être prêts pour la prochaine campagne, a-t-elle déclaré. Ce n’est pas le moment de lancer une course en leadership. On n’est pas là.»

Trop tard pour écouter?

Bien que les ministres se soient montrés disposés à écouter les Canadiens rebutés par les libéraux et leur chef, aucun n’a pu dire exactement comment leur équipe compte répondre à ces préoccupations.

S’adressant à CBC News mardi, Karina Gould, en congé parental de son poste de leader du gouvernement à la Chambre, a déclaré que l’élection partielle était un «signal d’alarme» pour son parti, mais a ajouté que le caucus avait besoin de temps pour réfléchir avant de détailler les changements qui pourraient être nécessaires.

«Ce qui ressort clairement du résultat d’hier, c’est que nous devrons faire les choses différemment», a déclaré Mme Gould, qui est également coprésidente de la campagne libérale en Ontario.

«Il faut commencer par écouter et être présent dans les communautés», a déclaré la ministre de la Santé mentale et des Dépenses, Ya’ra Saks, de passage au Cap-Breton pour annoncer un financement destiné à lutter contre la toxicomanie.

Ces commentaires reflètent ceux du premier ministre, qui a déclaré mardi avoir entendu les préoccupations et les frustrations des électeurs et qu’il avait clairement encore du travail à faire pour obtenir des résultats tangibles pour les Canadiens.

Ce message démontre que les libéraux n’ont pas compris ce que les Canadiens veulent leur dire, a déclaré Andrew Perez, stratège libéral chez Perez Strategies. «Il est un peu tard pour écouter à ce stade», affirme-t-il.

«Les résultats de l’étonnant revirement politique à Toronto—St. Paul’s sont une autre preuve de l’incapacité du gouvernement à vraiment écouter ce que disent les Canadiens et à s’adapter.»

Les conservateurs ont accusé les libéraux de blâmer les autres pour leurs propres échecs.

«Les libéraux de Trudeau n’apprennent rien », a lâché le porte-parole de Pierre Poilievre, Sebastian Skamski, dans un communiqué.

«La réponse de Justin Trudeau a été de redoubler d’efforts sur les politiques ratées qui l’ont amené à ce point», a-t-il ajouté.

Guilbault optimiste

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a adopté une approche différente de celle de ses collègues et a suggéré que le parti devrait parler davantage plutôt que d’écouter.

«Nous devons continuer de montrer aux Canadiens que nous sommes là pour eux», a-t-il dit.

«À l’heure actuelle, il est clair que certains d’entre eux n’y croient pas, ou ne le voient pas, et je pense que nous devons mieux communiquer sur ce que nous faisons pour les aider.»

Les prochaines élections devraient avoir lieu d’ici octobre 2025, et les choses pourraient changer pour les Canadiens d’ici là, estime M. Guilbeault.

«Dans les mois à venir, pour beaucoup d’entre eux, la situation va s’améliorer, en partie grâce aux choses que nous faisons», a-t-il affirmé.

«Plus les Canadiens verront les avantages de ce que nous faisons, de ce à quoi nous travaillons pour eux et de la manière dont nous travaillons pour eux, plus la situation pourrait changer.»