De Lac-aux-Sables à Terre-Neuve-et-Labrador
ÉNERGIE. Qui aurait prévu que l’idée d’un patenteux de Lac-aux-Sables de transformer une débusqueuse en foreuse propulserait son entreprise trente ans plus tard sur le plus grand chantier hydroélectrique en Amérique du Nord.
Les Équipements Gaétan (LEG) est aujourd’hui connue de tous les géants canadiens spécialisés dans les lignes de transport d’énergie suite à son travail réalisé sur le projet de Muskrat Falls, à Terre-Neuve-et-Labrador. «Plus personne ne doute de notre capacité à œuvrer sur d’énormes projets. On a acquis une crédibilité et maintenant, on reçoit des appels pour nous inviter à soumissionner», lance Philippe Richard, responsable des chantiers chez LEG.
Spécialisée dans le forage et la mise en place d’ancrages pour pylônes haubanés, le success-story de la PME de Lac-aux-Sables, c’est beaucoup à l’origine celui du génie de son président fondateur, Gaétan Genest. «Sa grande force, c’est sa capacité à analyser un chantier et de voir comment optimiser les méthodes de travail et les équipements», complimente Philippe Richard à propos de son beau-père.
Gaétan Genest avoue que sa connaissance des sols ne lui vient pas des livres, mais du terrain. «C’est du feeling, raconte-t-il. Je peux déterminer la densité d’un sol par le son produit lorsque ma foreuse entre dans le roc, par la vitesse qu’elle tourne. Et ça, ça s’acquiert par l’expérience, pas à l’école. Le gros de mon travail aujourd’hui, c’est de transmettre cette connaissance à ceux qui vont suivre.»
Une invitation de la Norvège
Sur le projet de Muskrat Falls, LEG est arrivé sur le chantier avec une petite équipe et l’assurance d’avoir du travail pour un mois. «Nous sommes finalement restés deux ans et demi et nous gérions neuf équipes de travail. Ce projet, c’est maintenant notre carte de visite pour nos futurs contrats», souligne Philippe Richard.
La renommée de LEG vient aussi de ses équipements conçus et fabriqués sur mesure dans son atelier mécanique à Lac-aux-Sables. «Nos foreuses sont construites spécifiquement pour le type de travail à effectuer. Nos compétiteurs travaillent plutôt avec des foreuses de carrière qu’ils modifient sommairement», explique Cynthia Genest, directrice générale de l’entreprise.
L’entreprise compte une vingtaine d’employés permanents, mais ce nombre double ou triple avec l’ajout de contractuels selon l’ampleur des contrats. Récemment, LEG a été sollicitée pour un projet en Norvège qu’elle a finalement décliné. «Pour le moment, il y a encore beaucoup d’expansion à prendre dans l’Est du Canada», explique Audrey Genest qui est responsable de la comptabilité de l’entreprise familiale.
LEG travaille présentement sur deux appels d’offres en Ontario. «Plus on s’éloigne du Québec, plus les projets doivent être de grande envergure car déplacer notre machinerie nécessite des coûts importants», explique Philippe Richard.
Comme plusieurs PME qui ont le vent dans les voiles, LEG doit aussi composer avec la pénurie de mains-d’œuvre. Des postes de machinistes traditionnels, soudeurs et mécaniciens assembleurs sont présentement à pourvoir.
LEG sur le chantier de Muskrat Falls
- 100 000 mètres de forage
- 5000 pylônes
- 1300 kilomètres de ligne électrique