Un projet d’aire protégée de 200 km carrés dans Mékinac

SAINTE-THÈCLE. Les associations des lacs Mékinac, du Jésuite et du Missionnaire ainsi que Les Ami-e-s de la forêt ancienne des lacs Grandbois ont déposé à la mi-octobre au ministère de l’Environnement un projet de réserve de biodiversité afin de protéger un territoire de 200 km carrés qui abrite notamment la plus importante population de martinets ramoneurs de l’Est du Canada.

Pour les accompagner dans ce projet ambitieux, les quatre regroupements sont secondés par Reliefs mauriciens, l’organisme qui a réussi à convaincre le gouvernement du Québec d’accorder en février dernier une protection intérimaire à un territoire de 127 km carrés à Saint-Mathieu-du-Parc qui était convoité par l’industrie forestière.

Le projet de réserve de biodiversité de Mékinac peut également compter sur l’appui de la comédienne Christine Beaulieu qui assure la narration d’un vidéo réalisé par sa sœur Patricia et qui présente le projet. « C’est un lieu que je connais depuis toujours, un espace qui a façonné mon identité, celle de ma famille et de mes ancêtres », commente l’artiste dont le père René Beaulieu est propriétaire d’un chalet au lac du Missionnaire à Sainte-Thècle.

« Vous pouvez appuyer notre projet en le partageant en grand nombre, en devenant bénévole ou en envoyant une lettre d’appui. Vous pouvez soutenir Reliefs mauriciens en faisant un don. Et vous pouvez suivre nos actions sur Facebook, Ensemble vers la réserve de biodiversité Mékinac », invite Christine Beaulieu à la fin de son intervention.

Soulignons que le gouvernement du Québec s’était fixé l’objectif de protéger 30% de son territoire d’ici 2030. Pour l’instant, seulement 17% du territoire  sont des aires protégés. En Mauricie, seulement 8% de la région est protégée. Et dans Mékinac, c’est encore plus inquiétant, à peine 4%. « C’est trop peu. Nous avons une chance unique de préserver des massifs de forêts exceptionnelles autour des lacs Jésuites, Missionnaire et Mékinac », fait valoir la Trifluvienne d’origine.

Objectif 2027

Parce qu’ils sont tout juste au début du processus, les promoteurs du projet d’aire protégée se donnent comme objectif d’obtenir une mise en réserve du territoire par le gouvernement du Québec en 2027 mais ils doivent déjà composer avec quatre chantiers forestiers qui sont déjà programmés sur le territoire au cours des prochains mois. Des coupes ont même déjà été effectuées à proximité du lac du Missionnaire au cours des dernières semaines.

Directeur général de Reliefs mauriciens, Éric Proulx convient qu’il est illogique de travailler à protéger un territoire qui sera éventuellement charcuté en partie par des coupes forestières. « Plusieurs chantiers forestiers pourraient dégrader les différents noyaux de conservation associés au projet.  On va demander au ministère des Ressources naturelles d’être bon joueur », explique le géographe  de formation qui avait mené une bataille similaire à Saint-Mathieu-du-Parc en janvier 2022.

Des arbres bicentenaires

Répartie sur les territoires des municipalités de Trois-Rives, Sainte-Thècle et Lac-aux-Sables, la réserve de biodiversité de Mékinac recèle une faune et une flore exceptionnelle. On y retrouve notamment des épinettes rouges bicentenaires dans la forêt ancienne des lacs Grandbois.

Avec leur forme longue avec des reliefs escarpés où nichent des faucons pèlerins, les lacs Mékinac et du Missionnaire présentent une géologie de fjord qui s’étend sur 35 km. Enfin, tout comme à Saint-Mathieu-du-Parc, des colonies de tortues de bois vivent à l’abri des prédateurs à l’intérieur de cette forêt dense. Fait à noter, à la création du parc national de la Mauricie au début des années 1970, le territoire environnement le lac Mékinac avait longtemps été considéré avant que l’option soit écartée.

Prenant la parole au nom des trois associations des lacs, Daniel Boisvert, président de celle du lac du Missionnaire, a souligné que 2025 sera une année de concertation pour enrichir le projet. « On continue à faire des représentations auprès des décideurs et gestionnaires du territoire. On a parlé au niveau municipal, aux MRC. Aussi au niveau gouvernemental, il y a des ministères qui sont concernés. On va chercher des appuis, on en a une trentaine actuellement », poursuit l’ingénieur forestier de formation qui estime que le ministère de l’Environnement pourrait analyser le dossier en 2026 pour une mise en réserve l’année suivante.

Enfin, Éric Proulx a souligné le type de réserve de biodiversité a été privilégiée en raison de sa flexibilité. « Ça permet de conserver les droits d’usage que sur le territoire, que ce soit la circulation en VTT, la villégiature existante. Ça permet même de développer ce qu’on appelle des accès nature, des infrastructures récréatives », conclut le directeur général de Reliefs mauriciens.