Projet éolien de TES Canada: un préjugé favorable du côté de certains maires
SAINT-NARCISSE. L’accueil initial réservé au projet de parc éolien de TES Canada par les quelques maires des MRC de Mékinac et des Chenaux sondés par L’Hebdo laisse entrevoir que le promoteur jouit pour l’instant d’un vent de dos.
Plus de 500 personnes ont participé aux séances d’information tenues à Saint-Adelphe (27 novembre) et Saint-Narcisse (28 novembre), dont la plupart des maires des municipalités ciblées par TES Canada. « J’y suis allé surtout pour recueillir les commentaires des citoyens, souligne Guy Veillette, maire de Saint-Narcisse et préfet de la MRC des Chenaux. J’ai vu beaucoup d’intérêt de la part de certains et de l’inquiétude chez d’autres. Ça n’a rien de scientifique, mais je dirais que deux personnes sur trois étaient en faveur. »
Avant la rencontre du 28 novembre, il a avisé le promoteur que la MRC des Chenaux entendait adopter en janvier prochain un règlement de contrôle intérimaire (RCI) qui viendra resserrer les critères où des éoliennes pourront être installées. « Cela a été bien reçu de leur part. C’est un règlement qui viendra mettre les choses au clair pour tout le monde », a expliqué Guy Veillette.
S’il avoue avoir eu des appréhensions au départ en entendant parler du projet, la position du maire de Saint-Narcisse a évolué depuis, surtout que TES Canada s’est engagée à ne forcer personne à accepter une tour dans sa cour.
« Honnêtement, je suis plus en faveur que sur les freins pour le moment. On va laisser les gens se positionner par rapport à ça. On va voir comment ça va évoluer, mais je pense qu’on est capable de faire un projet qui va être intéressant, qui va être profitable à nos communautés, autant économiquement qu’environnementalement. C’est quand même de l’énergie verte qui va être produite. Ce n’est pas du mazout qui sera brûlé pour faire de l’hydrogène », insiste Guy Veillette.
Des propos qui viennent rejoindre ceux de la mairesse de Saint-Tite, Annie Pronovost. « Moi, je voyage et des parcs éoliens, il y en a ailleurs. Je trouve que ce projet est une belle opportunité au niveau de l’environnement. On ferait partie de la solution pour décarboner le Québec. Jusqu’à maintenant, oui je suis favorable, mais il y a encore des choses à regarder. »
Annie Pronovost se dit satisfaite pour le moment de l’approche montrée par TES Canada. « Ils sont très accessibles et se montrent ouverts à revenir si les citoyens le demandent. C’est un début, mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Il faudra qu’ils obtiennent les certificats d’autorisation, les demandes auprès de la CPTAQ et des autres instances », a rappelé la mairesse de Saint-Tite.
Le maire de Saint-Adelphe apprécie également l’ouverture démontrée par TES Canada. « Présentement, je suis satisfait de l’information qu’ils nous donnent. Comme dans tout bon projet, il y a des pour et des contre, mais à l’étape où on est pour le moment, la compagnie ne fait que regarder s’il y a des agriculteurs intéressés à en avoir sur leurs terres. Ça reste qu’on est seulement à la première étape. Il va y avoir les audiences du BAPE. Les citoyens vont pouvoir déposer des mémoires. »
Un devoir de réserve pour Thompson
Maire de Hérouxville et préfet de la MRC Mékinac, Bernard Thompson préfère pour le moment se garder un devoir de réserve, le temps d’avoir plus d’éléments d’information avant de se positionner. « Bien sûr que je suis favorable à un projet qui fait en sorte qu’on va décarboner le Québec. Mais je veux connaître tous les aboutissants avant de prendre une décision. Pour le moment, nous avons juste un côté de la médaille, celui de TES Canada. On voit bien que l’entreprise offre une compensation de 11 millions$ par année, mais quels seront ses revenus réels? On connaît l’investissement. On connaît la redevance, mais on ne connaît pas le revenu. Je serais curieux de savoir quel est le revenu », s’interroge-t-il.
Bernard Thompson souligne que la MRC de Mékinac avait déjà déposé un projet de RCI, comme des Chenaux s’apprête à le faire, avant même l’arrivée de TES Canada dans le décor. « Dans certains éléments, TES Canada est plus sévère que nous et dans d’autres, ils ne le sont pas suffisamment. Va falloir regarder ce qui est préférable. »
Le maire de Hérouxville souhaite que tous les intervenants puissent avoir l’occasion de donner leur avis. « Je vois depuis deux semaines des maires qui se prononcent et d’autres qui ne se prononcent pas. Je comprends ces derniers. Quand tu n’as pas tous les éléments devant toi et que tu te positionnes, tu vas te mettre à dos la moitié de la population qui dit oui ou la moitié qui dit non. Alors, tant qu’à être dans une position inconfortable, c’est aussi bien de regarder ce qui s’est fait ailleurs avec ces projets-là. »
(Avec la collaboration de Patrick Vaillancourt)