La dernière salle de quilles est sauvée
SAINT-ADELPHE. Désirant dynamiser la vie sociale de son village d’adoption, un jeune entrepreneur en construction a investi près de 350 000$ pour acquérir et rénover le restaurant et salle de quilles GilGlo à Saint-Adelphe.
D’une blague lancée en l’air lors d’un souper il y a quelques mois, Francis Déry est passé aux choses sérieuses en paraphant les documents officiels chez le notaire le 8 avril dernier. « Le 9 au matin, j’étais sur place pour arracher la céramique et les banquettes », lance le Trifluvien venu habiter Saint-Adelphe où demeure sa copine, une native du village.
Moins de deux mois plus tard, Quilles et Frites ouvrait officiellement ses portes le 5 juin en accueillant les premiers clients dans un environnement rétro spectaculaire. Pousse-portes Seven-Up, grands thermomètres métalliques, enseignes lumineuses Labatt 50 et Molson Export, cabarets Coca-Cola, vieilles plaques d’immatriculation, etc. : l’établissement présente un look vintage unique, bien assorti avec la salle de quilles de quatre allées fonctionnant encore avec ses équipements mécaniques d’origine.
« La plupart des objets décoratifs appartiennent à mon beau-père Guy Germain qui est un collectionneur d’antiquités », explique le nouveau propriétaire qui raconte avoir été motivé par une rumeur voulant que le site soit acheté pour changer de vocation.
« J’aurais trouvé ça dommage pour les clients qui viennent jouer. C’est la seule salle de quilles encore ouverte dans la région et il y a six ligues qui viennent chaque semaine. Le restaurant ne marchait plus tellement, mais je fais le pari qu’avec les rénovations et le menu bistro, l’un et l’autre vont s’aider mutuellement », poursuit Francis Déry qui a plein d’idées pour animer la place avec des chansonniers, des humoristes, des soirées de danse new country, etc.
Le look rétro se retrouvera même dans le frigo puisque Quilles et Frites tiendra au froid des « grosses quilles », c’est-à-dire des bières 710 ml de marque O’Keefe, Laurentide et Labatt 50.
Alors que le secteur de la restauration vit des moments difficiles à cause de la pénurie de main-d’œuvre et de l’inflation alimentaire, Quilles et Frites s’est rapidement constitué une équipe d’une vingtaine d’employés.
« Je peux compter sur des personnes d’expérience et de jeunes pour le service aux tables. Mon pilier dans les cuisines et la salle de quilles, c’est Suzanne (Baillargeon) qui travaille ici depuis près de 40 ans. Elle a accepté de continuer avec moi. Puis, je suis allé chercher une cuisinière qui travaillait dans une résidence à Batiscan et une autre au Brinadon à Lac-aux-Sables. Et j’ai ma mère qui a eu un restaurant à Trois-Rivières pendant dix ans. Elle sort de sa retraite pour venir me donner un coup de main. Sans elle, je ne me serais jamais lancé dans cette aventure », sourit le jeune entrepreneur.
Rencontré quelques jours avant l’ouverture officielle, Francis Déry était fébrile, mais heureux. « À Saint-Adelphe, on a un beau terrain de balle, mais il n’y a pas de ligue de balle. Il n’y a pas de hockey COSOM, pas de ligue de hockey sur glace. Si personne ne s’investit, s’il n’y a plus de mouvement, des choses un peu plus festive ou des événements, ça va finir que ces villages-là, tout le monde va s’en aller. Je pense que mon investissement va être bénéfique pour la vie sociale à Saint-Adelphe et dans les municipalités aux alentours », termine le jeune entrepreneur.