La Doula: illustrer la périnatalité et le féminin sacré
SAINTE-GENEVIÈVE-DE-BATISCAN. Roxanne Marcouiller est une accompagnante à la naissance aussi connue sous le nom de La Doula. Convaincue qu’elle aurait pu être mieux informée lorsqu’elle a donné naissance la première fois, elle s’est engagée à aider les femmes à redécouvrir l’univers de l’enfantement, de la périnatalité et du féminin sacré grâce à son art visuel et instructif.
L’objectif de Roxanne Marcouiller, alias La Doula, est d’aider les femmes à prendre confiance en elles, en leur instinct et en leur corps. Pour ce faire, elle a commencé à dessiner des outils visuels introspectifs pour informer les femmes sur le processus de la grossesse et de l’enfantement, sur leurs droits et sur les méthodes de la gestion de la douleur. Par l’entremise de l’art, elle aide à déconstruire des mythes qui subsistent.
Comme Roxanne Marcouiller était dans l’impossibilité de faire un grand nombre de suivis avec des mamans, étant donné l’horaire difficile à conjuguer avec sa vie de famille, elle a décidé de créer quelques illustrations pour une maman qu’elle accompagnait à ce moment. «J’écrivais des textes pour des mamans, mais ça faisait beaucoup d’informations à lire. Je cherchais une façon de résumer des informations pour les rendre accessibles», révèle Mme Marcouiller.
Les illustrations peuvent être achetées en couleur ou encore dans le format à colorier. «En coloriant l’illustration, même en ne lisant pas, le cerveau intègre l’information. Ce n’est pas comme lire un livre et se sentir obligée de tout retenir. C’est de l’art thérapie, une façon de divulguer de l’information de manière moins cartésienne», explique La Doula.
Elle a ensuite affiché quelques-unes de ses illustrations à vendre dans une boutique en ligne qu’elle avait auparavant destinée au démarrage d’une entreprise de couture. L’intérêt pour ses illustrations a cependant été fulgurant. L’allaitement, le portage physiologique, le 4e trimestre, la césarienne, la dilatation du col de l’utérus, le cododo ainsi que la célèbre méthode Bonapace ne sont que quelques exemples des sujets qu’elle a illustrés.
Doula, une profession méconnue
Donner naissance à ses enfants a été une révélation pour Roxanne Marcouiller: elle souhaitait plus que tout devenir accompagnante à la naissance. Alors qu’elle a commencé en accompagnant quelques-unes de ses amies proches, elle a enfin suivi sa formation de doula en 2017.
«Il y a très longtemps, les femmes accouchaient toutes entre elles. Il y avait une sage-femme ainsi qu’une doula qui connaissait bien la maternité, l’accouchement et le processus de naissance. La femme accouchait toujours entourée d’autres femmes. C’est un vieux métier qui est encore méconnu au Québec», mentionne Mme Marcouiller.
Son rôle est d’informer la maman sur ce qui peut arriver avant, pendant, mais aussi après son accouchement en lui fournissant de l’information objective, tout en partageant les risques et les bienfaits possibles. Cela permet à la maman de prendre des décisions éclairées et de se réapproprier son corps pendant l’accouchement. La maman aura des décisions à prendre concernant, par exemple, la péridurale, le clampage du cordon ombilical, la présence d’étudiants, les touchers vaginaux, etc.
Pour La Doula, c’est un immense privilège d’être aux côtés de ces femmes lors de ce moment intime qu’est l’accouchement, un moment où la femme mélange force et vulnérabilité. «Je pleure chaque fois après une naissance! Je trouve ça spécial chaque fois, parce que les véritables personnalités ressortent, parce que tous les masques tombent à l’accouchement», témoigne-t-elle. Autant pour la maman qui donne naissance que pour elle.
«Il n’y a pas de «paraitre», ce n’est qu’un grand boost d’ocytocine auquel tu deviens accro! Même si c’est épuisant physiquement et mentalement, tu en redemandes parce que c’est enrichissant pour l’accompagnante», poursuit la doula.
Les moments mémorables pour Roxanne Marcouiller, c’est lorsqu’elle entend presque toutes les mamans dire, une fois le bébé dans leurs bras, à quel point elles sont fières d’elles. «C’est la cerise sur le sundae. Ça me rend heureuse que la maman ait été en pleine possession de son pouvoir de femme, qu’elle ait été capable d’enfanter sans se faire enlever sa capacité physique et émotionnelle. Mon travail est justement de ne pas faire les choses à la place de la femme, mais de permettre à la femme de prendre ce qui lui appartient. C’est ce que je souhaite pour toutes les femmes qui accouchent», conclut La Doula.