Des BD pour imaginer un monde sans les organismes communautaires
MAURICIE. Les six corporations de développement communautaire de la Mauricie (Inter-CDC) ont présenté lundi, à Shawinigan, leur projet de bandes dessinées à l’occasion de la Semaine de l’Action communautaire autonome qui se déroule du 21 au 25 octobre.
Lors d’une conférence de presse, les organisatrices ont dévoilé les bandes dessinées (BD), réalisées par l’artiste Catherine Bard. Cette initiative s’inscrit dans leur engagement à promouvoir l’accessibilité et l’inclusion au sein de la communauté en utilisant un médium visuel et divertissant pour aborder des enjeux sociaux importants.
« Les BD vont être publiées, tout au long de la semaine, sur les pages Facebook de toutes les CDC de la Mauricie. D’une fréquence d’une publication par jour jusqu’à dimanche prochain », indique Claudia Martineau, agente de concertation et de soutien pour la CDC de Trois-Rivières.
Les responsables des six CDC invitent leurs partenaires et les personnes qui suivent leurs pages Facebook à partager massivement ces publications pour faire diffuser le message.
Elles soutiennent que l’action communautaire autonome change beaucoup de vies au quotidien et qu’il faut agir ensemble pour reconnaître le travail de ces organismes.
Un projet enthousiasmant
En septembre 2023, Claudia Martineau et son équipe trifluvienne se sont demandé comment faire une action qui amènerait à connaitre et à reconnaître les organismes communautaires et leur importance pour le filet social au Québec.
« C’est là qu’on a pensé à l’idée d’imaginer un monde dans lequel ces organismes n’existeraient pas. Le but c’est de mettre en valeur le travail des 4500 organismes d’action communautaire », mentionne Mme Martineau.
Elle ajoute qu’en avril dernier, les membres de chacune des Corporations de développement communautaire de la Mauricie (CDC) se sont réunis pour détailler ce projet.
Sa collègue à Mékinac, Julie Bertrand, ajoute que ces organismes sont indispensables, car ils font une grande différence sur le terrain, et que sans leur travail, la réalité d’une partie de la population ne sera pas la même.
« L’idée derrière ce projet est de souligner l’importance des organismes communautaires en démontrant l’impact de l’éventuelle absence de ces derniers sur le terrain », explique Mme Bertrand.
Une touche artistique engagée
Originaire du Bas St-Laurent, l’illustratrice et bédéiste Catherine Bard s’est installée à Saint-Élie-de-Caxton où elle a travaillé, pendant quelques années, au Parc national de la Mauricie avant de devenir, il y a sept ans, une artiste à temps plein.
« C’est la CDC de Trois-Rivières qui m’a sollicitée en me proposant ce mandat. On s’est rencontré pour évaluer leur besoin avant de m’embarquer pleinement dans ce projet », se souvient-elle.
Elle partage l’avis des organisatrices sur l’importance du milieu communautaire au Québec. « Si demain matin ces derniers disparaissaient, plusieurs personnes auraient plus accès aux mêmes services », estime-t-elle.
« J’ai essayé, en dessinant ces BD, de mettre en avant les visions de ces six CDC pour les aider à mieux passer leurs messages. C’est un travail de traduction, j’ai pris toutes les informations qui m’ont communiqué et je les ai traduites en art ».
Elle ajoute: « Je veux que les gens comprennent le contenu de mes BD mais je veux surtout qu’ils ressentent l’importance du milieu communautaire », Catherine Bard, illustratrice et bédéiste.
Catherine Bard a illustré des livres jeunesse et a collaboré avec plusieurs organismes communautaires de la province.
« En octobre 2023, j’ai réalisé une exposition à l’Assemblée nationale sur comment agir avec des personnes en situation d’itinérance. Ces expositions sont encore en cours dans la région de la Capitale nationale, et j’aimerais qu’elles prennent place en Mauricie aussi », souhaite-t-elle.
Situation difficile à Mékinac
Selon Julie Bertrand, les besoins de la communauté de Mékinac concernent notamment la sécurité alimentaire et l’isolement.
« On a aussi un problème de transport, c’est un grand enjeu surtout pour ceux ayant des rendez-vous médicaux ou administratifs, à Shawinigan ou à Trois-Rivières, et qu’ils n’ont pas les moyens de s’y rendre », ajoute-t-elle.
Pendant la pandémie, les organismes communautaires de la MRC ont constaté qu’il y a des personnes qui ne mangent pas à leur faim. « Aujourd’hui encore, nous réalisons que le besoin demeure présent et on essaie de répondre aux demandes de notre communauté », rappelle l’agente de développement communautaire à la CDC de Mékinac.
« Le sentiment de reconnaissance est important. Les élus doivent tenir compte de notre rôle et de financer nos missions pour qu’on puisse mieux travailler », conclut Mme Bertrand.