Un projet d’expansion pour Xylo-Carbone
SAINT-TITE. Un peu plus de cinq ans après le début de ses opérations, Xylo-Carbone planche sur un projet d’expansion majeur pour lequel il aura besoin de cinq fois plus de bois que ce que le ministère des Forêts lui accorde présentement.
Avec plus d’une vingtaine de salariés, le fabricant de charbon de Saint-Tite roule à un rythme de 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. À quelques semaines du début de la saison des barbecues aux États-Unis, son entrepôt est rempli de sacs contenant les précieuses briquettes noires en attente d’être expédiés chez les détaillants.
« Notre procédé pyrolytique est assez innovateur. Nous sommes les seuls au Canada à fabriquer du charbon de cette manière, ce qui fait qu’on a mis quatre ans à le raffiner, à améliorer nos équipements. Là, on est en démarche pour le faire breveter », indique avec satisfaction Dominic Lord, directeur général de l’entreprise.
Sous la marque Xylo Signature ou sous les marques maison de clients provenant du Canada anglais, des États-Unis, de l’Angleterre et même de l’Australie, le manufacturier de Saint-Tite roule sur une production d’environ 3000 tonnes de charbon.
« Il y a un groupe de passionnés de barbecue aux États-Unis qui ont évalué tout près de 200 marques et la nôtre s’est qualifiée parmi les meilleures. On se démarquait pour la grosseur des morceaux, des étincelles lorsque le charbon brûle et la chaleur qu’il dégage. Les mêmes critères que nous mettons nous-même de l’avant dans nos publicités », se réjouit Dominic Lord.
Ralenti par l’incendie de son séchoir à bois en décembre 2021, Xylo-Carbone a pu passer en vitesse supérieure à la mi-janvier lorsque que nouvel équipement provenant de Séchoir MEC de Victoriaville a finalement pu être fonctionnel.
Rappelons que le fabricant de charbon de Saint-Tite utilise la chaleur de son procédé pyrolytique pour alimenter son séchoir à bois. Même l’huile générée par le procédé est utilisée comme combustible. « C’est vraiment un procédé qui ne pollue pas. Il n’y a rien qui s’en va dans la nappe phréatique et tous les rejets envoyés dans l’atmosphère respectent les normes environnementales », insiste le directeur général.
Du barbecue à la métallurgie
Même si le barbecue constituera toujours son principal marché, Xylo-Carbone développe tranquillement d’autres avenues pour écouler les plus petits morceaux de briquettes qui ne sont pas ensachés. Le marché agricole est notamment dans la mire. Les résidus de charbon, appelés biochar après leur troisième transformation, peuvent être introduits dans les sols pour en améliorer la qualité. Ils sont aussi utilisés par les fabricants d’engrais et même de moulées animales. Ces résidus peuvent aussi être revalorisés comme pigment industriel pour remplacer le noir de carbone.
Mais le marché le plus prometteur pour le fabricant de Saint-Tite est le secteur de la métallurgie. « Actuellement, cette industrie utilise de l’anthracite dans son procédé, ce qui est très polluant au niveau de l’environnement. Chaque fois qu’on remplacerait une tonne de charbon minéral par une tonne de charbon de bois, on viendrait retirer trois tonnes de CO2 dans l’atmosphère. C’est majeur pour l’industrie métallurgique qui cherche de plus en plus à se décarboner et à réduire ses émissions de gaz à effet de serre », indique Dominic Lord.
Pour arriver à faire sa place dans ce marché prometteur d’ici les deux ou trois prochaines années, Xylo-Carbone devra cependant augmenter sa capacité de production et agrandir ses installations. « Mais avant d’en arriver là, il faut avoir l’assurance d’avoir la matière ligneuse. Actuellement, le ministère des Forêts nous accorde 20 000 mètres cubes de bois par année, mais ça nous en prendrait 100 000, soit cinq fois plus, pour réaliser notre projet d’expansion », relève le directeur général, en ajoutant qu’un des actionnaires de l’entreprise, Antoine Langlois, propriétaire de Forex Langlois à Lac-aux-Sables, a le personnel et les équipements pour aller chercher ce bois dans les forêts publiques.
« On parle beaucoup d’économie circulaire, de décarbonation. C’est en plein ce qu’on fait et en plus, ce sont de bons emplois la région qu’on veut créer », termine Dominic Lord.