Le Jardin d’Olympe lance un cri du coeur
SAINT-STANISLAS. Lina de Rossi pétrit son pain avec amour depuis maintenant 20 ans. Sa boulangerie artisanale Le Jardin d’Olympe est une entreprise prospère établie à Saint-Stanislas, mais qui livre ses pains certifiés biologiques un peu partout en Mauricie. Dans la lancée de revitalisation de la municipalité, Mme de Rossi s’est inspirée des idées lancées par les citoyens lors de la consultation publique tenue par la SADC de la Vallée de la Batiscan et l’organisme Rues principales pour s’établir en plein cœur du village.
C’est ainsi que depuis septembre dernier, Le Jardin d’Olympe a pignon sur rue dans le bâtiment qui deviendra éventuellement L’Auberge du Presbytère, par les mêmes propriétaires que la Microbrasserie située juste en face, sur la rue Principale.
Cependant, ce qui devait mettre de l’avant le travail de Mme de Rossi est devenu un gouffre financier pour la petite entreprise. Après réflexion, Lina de Rossi avait décidé de quitter son nouvel emplacement dès la fin du mois de novembre, avant d’accumuler de trop nombreuses pertes, qu’on parle ici d’argent ou encore de pains. « Si en deux mois ils n’ont pas mis le pied ici, ils ne viendront pas », dit-elle en parlant de clients potentiels.
Pourtant, après avoir mentionné à plusieurs personnes qu’elle souhaitait quitter la rue Principale, les citoyens se sont mobilisés et l’ont encouragée à rester. Le samedi suivant, Mme de Rossi a vu l’achalandage s’accroitre. Ils l’ont convaincue de donner encore une chance à sa nouvelle boutique.
Elle recevra également un encadrement plus étroit pour le fleurissement de sa boutique physique par la SADC, notamment pour la promotion et le marketing. Sylvain Lemire, agent de développement à la SADC, promet de faire tout ce qu’il peut pour corriger le tir et accompagner adéquatement Mme de Rossi.
Le Jardin d’Olympe accumule les pertes
Avant même son déménagement, Lina de Rossi a dû débourser un peu plus de 1000 $ pour faire installer le gaz, obtenir son propre compteur d’Hydro-Québec et acheter un nouveau four. Ce qu’elle avait déjà en totalité chez elle, où elle travaille depuis les débuts de son entreprise.
À ces dépenses s’ajoute également son loyer mensuel. Afin que son déménagement soit rentable, Mme de Rossi devrait obtenir des ventes nettes de 1600 $ par mois, alors qu’actuellement, elles ne sont que de l’ordre de 200 $ en moyenne depuis son déménagement.
« Depuis ce matin, il y a une personne qui a acheté un pain. Je ne vends pas, et chaque jour j’ai de la perte, parce que si quelqu’un vient ici, je ne peux pas dire que je n’ai pas de pain! », clame Mme de Rossi.
Est-ce que son déménagement serait arrivé trop tôt dans le plan de revitalisation? « Il faut commencer quelque part! On me l’a offert, alors j’ai accepté et je suis venue ici », mentionne-t-elle.
En tant que petite entreprise bien établie à Saint-Stanislas depuis deux décennies, Lina de Rossi s’attendait à un meilleur soutien de sa municipalité : une visite ou un mot de bienvenue aurait été, selon elle, essentiel. « Ni le maire, ni les conseillers ne sont venus ici. Comme si je n’existais pas », mentionne-t-elle. « Je ne demandais pas d’avoir de l’argent, mais au moins qu’ils entrent ici. »
Lina de Rossi profite de l’occasion pour lancer un cri du cœur aux Stanois et Stanoise, mais également à tous les habitants de petits villages : « Quand il y a quelqu’un qui fait un commerce, qu’ils y aillent! C’est tout à leur avantage. Si le village est beau, les maisons vont prendre de la valeur, c’est à l’avantage de tout le monde que ce soit vivant. »
Pour l’amour du pain, fait à la main
La renommée de son entreprise, Lina de Rossy ne l’a pas volée. Depuis 20 ans, elle est la seule à faire son pain en totalité à la main, le tout avec des ingrédients biologiques. « Des tonnes et des tonnes de farine qui sont mélangées et tous les ingrédients sont biologiques. S’il y a quelque chose qui n’est pas bio, je ne l’achète pas », explique Mme de Rossi.
Bien que l’hiver soit une saison plus calme pour la boulangère, l’été est une saison très occupée. De mai à octobre, elle produit 500 pains par semaine pour une trentaine de points de vente situés dans 25 municipalités différentes. Elle commence dès 3 h 45 le matin, et ne termine pas sa besogne avant 21 h. Elle fait également toute la livraison elle-même.
L’été dernier, elle a même dû refuser des clients, par manque de temps. « Mon entreprise va très bien », rassure-t-elle.
D’où vient cet amour pour le pain pour Mme de Rossi? « Quand j’étais jeune et que j’allais en Italie chez ma tante, quand je tournais le coin, il y avait une boulangerie et toute l’odeur me venait dans le visage, et j’ai toujours aimé cette odeur. Ça m’est venu comme ça de vouloir faire le pain, pour retrouver un peu ces odeurs de jeunesse », raconte-t-elle.
Parmi ses confections, on retrouve des pains au chocolat, au fromage, brioché, des baguettes, des biscottes, des grissinis, des pains hot-dog ou hamburger, des fougasses, etc. On peut se procurer des produits du Jardin d’Olympe un peu partout en Mauricie, notamment à la boutique des jardins bio Campanipol à Sainte-Geneviève-de-Batiscan.