Il trouve sa place au Garage Marchand malgré ses troubles auditifs et visuels
SAINTE-GENEVIÈVE-DE-BATISCAN. Si vous faites le plein d’essence au Garage Marchand à Sainte-Geneviève-de-Batiscan, vous croisez sans doute David Trottier Comeau. Fidèle employé depuis près d’une décennie, il a trouvé auprès de Manon Marcoux et son équipe sa place dans le marché du travail, et ce, malgré ses troubles auditifs et visuels.
«C’est notre pompiste en chef, lance à la blague Manon Marcoux, la propriétaire. David est avec nous depuis 2011. Sa mère venait faire le plein ici et elle m’avait dit qu’il était intéressé à travailler comme pompiste. Je l’ai engagé et ç’a commencé comme ça.»
David vit avec un trouble visuel appelé rétinite pigmentaire. Il n’a aucune vision périphérique. C’est un peu comme regarder dans des pailles en permanence. C’est une condition qui se dégrade avec les années. Le jeune homme a aussi un implant cochléaire dans une oreille et un appareil dans l’autre.
Malgré ses limitations, David est un atout important pour l’entreprise de Mme Marcoux. «Il me donne un bon coup de main, affirme-t-elle. S’il n’était pas là, je serais beaucoup plus débordée avec le téléphone, les clients et tout le reste. David est rapide, il ne fait pas attendre les clients. Il fait aussi d’autres tâches. Par exemple, il nous aide à transporter les pneus dans la cour quand c’est le temps des changements de pneus.»
«Parfois, parce qu’il n’a pas une bonne ouïe ni un bon champ de vision, ça demande un peu plus d’énergie, admet cette dernière. Par exemple, je peux être en train de parler avec un client, mais il n’a pas entendu ou vu que je parlais et il se met à me parler en même temps. Il faut qu’il prenne son temps, tout simplement, mais ça ne l’empêche pas d’être hyper travaillant.»
Ses troubles auditifs et visuels lui demandent aussi un plus grand effort de concentration. «Je travaille quatre jours par semaine, sinon c’est trop, ça m’épuise, explique-t-il. Je fais deux jours en ligne à la fois. En fonctionnant de cette manière, ça va bien.»
Un premier vrai emploi
Maintenant âgé de 29 ans, David a commencé comme pompiste à l’âge de 21 ans. «C’était mon premier vrai emploi, confie-t-il. Je voulais travailler ici parce que j’aime travailler dans le public, rendre service et parler avec le monde.»
Quand le garage a été la proie des flammes en avril 2018, David a durement pris la nouvelle.
«C’était difficile pour moi parce que je perdais mon travail et un endroit que j’aime, raconte-t-il. Quand c’était fermé, j’appelais souvent Manon et je venais la voir. Ça me manquait. Je m’ennuyais et j’avais hâte de recommencer. J’ai travaillé entre-temps à quelques endroits, mais ce n’était pas pareil.»
Après deux longues années d’attente, il a repris du service en février 2020. C’est avec son entrain et sa bonne humeur habituels qu’il accueille les clients au garage.
«Les gens qui viennent ici trouvent que je donne un bon service. Certains viennent ici juste parce que c’est moi. Ils me le disent. Ça me fait plaisir de savoir qu’ils apprécient mon travail parce que je suis bien ici. Je suis à ma place», conclut David Trottier Comeau.