«On ne pouvait plus vivre de même, il fallait que ça arrête»

SANTÉ. Une septuagénaire de Lac-aux-Sables a déboursé plus de 25 000$ pour subir une chirurgie aux États-Unis destinée à lui retirer la bandelette sous-urétrale qui lui causait une douleur constante depuis quatre ans.

Clémence Laplaine fait partie des 95 Québécoises qui ont choisi depuis mai 2019 de se faire opérer par le Dr Dionysios Veronikis, dans un hôpital de Saint-Louis, plutôt que par des médecins du Québec jugés inaptes pour le faire adéquatement.

En juin dernier, après plusieurs sorties publiques de la part d’une résidente de Saint-Boniface, Cynthia Gagné, le Collège des médecins du Québec recommandait au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) d’imposer un moratoire sur l’implantation de ces bandelettes et à rembourser les femmes ayant subi une intervention chirurgicale aux États-Unis.

La ministre de la Santé à l’époque, Danielle McCann avait accueilli positivement ces demandes mais à ce jour, les implantations de bandelettes se poursuivent et les femmes n’ont toujours pas reçu de remboursement. Le ministère avait également mentionné que celles qui se ferait opérer aux États-Unis après le moratoire ne serait pas éligible à un dédommagement.

Cette mise ne garde n’a pas fait reculer Clémence Laplaine et son conjoint Pierre-Paul Tessier qui ont décidé de monter à bord d’un avion le 21 août en direction de Saint-Louis. Âgé respectivement de 76 et 73 ans et ne parlant pratiquement aucun mot d’anglais, le couple avoue aujourd’hui avoir entrepris ce voyage comme un saut dans le vide. «Il y a un Bon Dieu dans le ciel», reconnaît aujourd’hui Mme Laplaine que L’Hebdo a rencontrée le 1er septembre, quelques jours après son retour au Québec.

«On s’en allait dans l’itinérance», ajoute Pierre-Paul Tessier qui se déplace grâce à deux jambes artificielles depuis son amputation il y a plus de vingt ans. Par le plus grand des hasards, le couple est arrivé à l’hôpital américain alors que Cynthia Gagné s’y trouvait également accompagnée de huit femmes venues elles aussi se faire opérer. Rapidement, la résidente de Saint-Boniface agit comme intermédiaire entre la dame de Lac-aux-Sables et le Dr Veronikis.

Juste avant l’opération à l’hôpital à Saint-Louis, le couple Laplaine-Tessier a pris une photo en compagnie de Cynthia Gagné qui mène une croisade depuis près de deux ans dans ce dossier.

«On a braillé devant lui»

Au terme d’une chirurgie réussie le 28 août, une bandelette de 27 cm est extraite du corps de la dame de 76 ans. «Elle n’était même pas installée égale. Il y en avait 17 cm d’un bord et 10 de l’autre. Elle pouvait bien avoir l’impression que ça tirait toujours dans sa jambe droite», dénonce son mari qui n’en revient toujours pas de la générosité du chirurgien.

«Il est venu voir ma femme à l’hôtel où nous logions. Elle avait besoin de tylenols et il n’en avait pas sur lui. Eh bien, il est retourné à l’hôpital et est revenu nous les porter. C’était un dimanche imaginez-vous. On a braillé devant lui tellement on était reconnaissant.»

Comme toutes les femmes, c’est pour résoudre un problème d’incontinence urinaire qu’une bandelette sous-urétrale lui avait été installée en 2014. Les douleurs dans la partie inférieure du corps ont commencé à apparaître deux ans plus tard et n’avaient cessé d’empirer depuis.

Sceptique, l’urologue qui lui avait installé lui prescrit un onguent. Un spécialiste parle de veines éclatées et lui conseille de faire des marches. Un autre lui recommande quelques comprimés d’analgésiques. Maladie imaginaire. Arthrose. Infiltration de cortisone aux jambes et aux épaules. Clémence Laplaine va même jusqu’à subir une opération aux hanches en septembre 2019. «On ne pouvait plus vivre de même, il fallait que ça arrête. On n’avait plus de qualité de vie», lance comme un cri du cœur Pierre-Paul Tessier qui ajoute que ça prend des couples unis pour passer au travers d’une telle épreuve.

Et l’âge n’a jamais été un élément déterminant dans la décision de se rendre ou non aux États-Unis. «J’ai demandé à ma femme: si tu te rends jusqu’à 90 ans, penses-tu être capable d’endurer ça encore 15 ans? Non! Bien on y va.»

Se rétablissant bien, Mme Laplaine et son mari entreprennent maintenant avec la même détermination une bataille auprès du ministère pour se faire rembourser leurs dépenses, au moins celles reliées à la chirurgie qui se chiffrent à environ 19 000$ canadiens.

À LIRE AUSSI: