Vers la culture de truffes en Mauricie

AGROALIMENTAIRE. La Filière mycologique de la Mauricie s’est récemment associée à Truffes Québec pour établir un premier partenariat régional pour le développement de la trufficulture au Québec, plus particulièrement en Mauricie.

On connaît essentiellement les truffes européennes, cette sorte de champignon particulièrement prisée en gastronomie. Ce type de truffe se développe particulièrement dans des milieux où l’on retrouve peu d’eau, ce qui est peu le cas au Québec.

Patrick Lupien, coordonnateur de la Filière mycologique de la Mauricie

Toutefois, on retrouve d’autres espèces de truffes au Québec, en plein milieu sauvage, qui se développent dans des conditions différentes des truffes européennes. C’est notamment le cas de la truffe des Appalaches qui est cultivée depuis quelques années en province.

«L’équipe d’Arborinov est parvenue à cultiver des truffes qui sont aujourd’hui à maturité. Quand on trouve des truffes sauvages, il faut d’abord apprendre l’écologie de l’espèce, comment elle fonctionne et recréer ces conditions pour favoriser sa croissance», précise Patrick Lupien, coordonnateur de la Filière mycologique de la Mauricie.

La Mauricie pourrait être un lieu propice pour la trufficulture puisque ce type de culture demande un sol sablonneux auquel on ajoute ensuite de la chaux calcique pour favoriser la croissance de la truffe. «On retrouve ce type de sol au nord de Trois-Rivières jusqu’à Shawinigan, ainsi qu’à Notre-Dame-du-Mont-Carmel. Ce territoire pourrait s’y prêter. On voit aussi un autre type de truffe qui se développe bien dans des sols plus argileux, que l’on retrouve aussi dans la région», souligne M. Lupien.

La Filière mycologique note d’ailleurs beaucoup d’intérêt de la part des producteurs de la région. «On cherche notamment des parcelles agricoles abandonnées, qui ne sont plus utilisées par les producteurs agricoles ou que ceux-ci ne veulent pas reboiser nécessairement. Nous avons tenu une rencontre d’information virtuelle. Nous avons eu 117 demandes de connexion et des gens nous ont déjà signalé leur intérêt», raconte-t-il.

«La production de truffes est très intéressante pour la Filière mycologique. On veut positionner la Mauricie comme une région truffière, tant pour la restauration que pour le mycotourisme. On aimerait développer ce volet et développer des visites sur le même modèle que la route des vins. On pourrait se promener de ferme en ferme, déguster des truffes, participer à des activités de chasse à la truffe sauvage avec des chiens. Nous accordons une attention constante pour que l’offre mycotouristique soit originale, inspirantes et de qualité. Imaginez maintenant partir à la chasse aux truffes sauvages en forêt et que les truffes nordiques du Québec deviennent une signature gastronomique de notre territoire», poursuit M. Lupien.

Les producteurs intéressés ont été référés à Truffes Québec qui prend le relais pour que puisse se faire la caractérisation des sols, dans le but de vérifier s’ils peuvent accueillir une culture de truffes.

Les partenaires s’associeront aussi les services du club-conseil en agroenvironnement Lavi-Eau-Champ pour adresser les facettes agronomiques des opérations d’implantation, qui seront réalisées en étroite collaboration avec Jérôme Quirion, expert en trufficulture, de l’entreprise Arborinnov.

Idéalement, la préparation des premiers terrains se ferait à l’automne, de sorte que la plantation pourrait se faire au printemps 2021. Selon l’espèce, la truffe, qui complète son cycle de vie en association avec les racines d’un arbre, peut prendre jusqu’à quatre ou sept ans pour atteindre sa maturité, le temps que l’arbre et le mycélium s’installent dans leur milieu.

Cette collaboration entre les deux organisations permet d’informer, de conseiller et d’accompagner les propriétaires et producteurs dans l’implantation de champs truffiers.

La Filière mycologique de la Mauricie et Truffes Québec ont aussi convenu de collaborer sur des projets de recherches, sur la réalisation d’activités événementielles et sur des projets pouvant bénéficier aux autres partenaires composant la Filière, notamment dans le développement de produits pour la consommation.

Le mycotourisme en forte progression

Le mycotourisme progresse de façon exponentielle en Mauricie, soutient Patrick Lupien, coordonnateur de la Filière mycologique de la Mauricie.

Encore cette année, plus de 70 activités se tiendront à travers le territoire. Au programme: conférences à la carte, initiation aux champignons forestiers, randonnée d’initiation à la cueillette de champignons sauvages, cueillette de champignons sauvages et plus.

«On constate une augmentation de l’intérêt depuis l’implantation des guides mycologiques en 2016, indique-t-il. C’est vraiment une progression exponentielle. On verra cette année comment ça va avec la COVID-19, mais ce sont des activités essentiellement extérieures, donc la distanciation physique est plus facile. C’est agréable aussi pour les gens de reconnecter avec le milieu forestier.»

Plusieurs guides mycologiques ont obtenu la certification Rando Québec, tandis que d’autres sont également en processus de certification Aventure Écotourisme Québec.

«C’est une offre de calibre international, affirme M. Lupien. On voulait d’ailleurs s’adresser de plus en plus à l’international cette année. La COVID-19 a ralenti nos plans de ce côté.»

La programmation complète des activités de la Filière mycologique de la Mauricie est disponible au mycomauricie.com/activites-et-evenements.