Les zecs et pourvoiries voguent entre espoir et résignation
COVID-19. «Je suis encore zen. Ça fait 30 ans que je baigne là-dedans, j’en ai déjà vu de toutes les couleurs», lance au bout du fil Pierre Lefebvre, le visage le plus connu des gestionnaires de zecs de la Mauricie.
Président de la ZEC Kiskissink, il suit avec attention toute la crise du coronavirus. «Nous avons une page Facebook sur laquelle nous transmettons toute l’information au fur et à mesure qu’elle entre à nos membres. On est en train de s’organiser pour faire notre prochain conseil d’administration par téléconférence.»
Au début, la possibilité de fermer la Haute-Mauricie à toute visite extérieure a déplu, mais la gravité de la situation à rapidement ramener tout le monde à la raison. «C’est une infime minorité maintenant qui critique la décision», poursuit celui qui avait cédé le poste de président de l’Association des gestionnaires de zecs de la Mauricie à Jaques Guillemette en février dernier. «Ça faisait 30 ans que j’étais là», dit-il pour expliquer sa décision.
Bien que les zecs puissent être fréquentées durant l’hiver, c’est véritablement au printemps que la vraie saison décolle. La fin de la période de dégel, à la mi-mai pour celles plus au sud et une semaine plus tard pour celles au nord, marque le vrai départ. «Ça nous donne encore un peu de jeu par rapport à une atténuation des directives de confinement», philosophe-t-il sans toutefois trop s’illusionner.
Les 11 zecs de la Mauricie comptent près de 5500 membres et plus de 25 000 utilisateurs par année.
«C’est un gros apport économique régionale, soutient Pierre Lefebvre. Au Québec, c’est des retombées de 1,2 milliard par année pour 63 zecs. Si on ramène ces proportions à la Mauricie, ça veut dire 200 millions $ dans l’économie régionale. Ces gens-là ont tous un quad, un moteur, une chaloupe, des capteurs solaires. Ils achètent de l’essence, du gaz propane. Ils font leur épicerie dans le coin», termine-t-il.
Grand impact sur les pourvoiries
«Les pourvoiries avec une clientèle américaine et européenne sont celles qui ont le plus d’impacts à court terme sont, étant donné que les frontières sont fermées jusqu’au 30 juin», évalue Valérie Fortin, directrice générale de l’Association des pourvoyeurs de la Mauricie, un organisme qui représente plus d’une trentaine de pourvoiries.
Pour la grande majorité d’entre eux, le début de la saison de la pêche est à oublier.
Sinon, on suit évolution de la situation de la COVID-19, comme le font tous les secteurs d’activité économique.
Il faudrait une grande boule de cristal pour déterminer ce qu’il adviendra de la saison estivale, estime Mme Fortin. Tout dépendra de l’évolution de la situation: «Il y a des pourvoyeurs qui sont optimistes, supposant qu’il y aura une reprise d’activité économique au courant de l’été. Dans le meilleur des mondes, ils se disent que les québécois vont être au rendez-vous et vont avoir hâte de sortir de chez eux».
Il faut savoir que bon nombre de ces entreprises sont affectées par la perte de la clientèle européenne. Les Européens comptent pour une généreuse part des touristes qui visitent les pourvoiries, depuis quelques années.
«En début de saison, il y en a beaucoup. Au niveau des pourvoiries et dans la tendance touristique générale, on a remarqué dans les dernières années, plusieurs voyageurs européens en début de saison», observe Mme Fortin.
Valérie Fortin demeure philosophe dans les circonstances: «Oui, c’est grave ce qui arrive. Mais la santé de la population, c’est ce qui est le plus important. On veut que tout le monde soit en santé et que la relève soit au rendez-vous dans les années futures».
Les zecs en Mauricie
- Bessonne (La Tuque) : chasse, pêche, location de chalets, canot et kayak
- Borgia (nord de La Tuque) : Chasse, pêche, cueillette de petits fruits
- Chapeau-de-Paille (nord de Shawinigan) : Chasse et pêche
- Frémont (ouest de La Tuque) : Chasse, pêche, cueillette de petits fruits, canot, VTT
- Gros-Brochet (ouest de La Tuque) : Chasse, pêche, cueillette de petits fruits, kayak
- Jeannotte (est de La Tuque) : Chasse, pêche, kayak d’eau vive, canot, VTT, motoneige
- Kiskissink (nord du Lac-Édouard) : Chasse, pêche, location de chalets, cueillette de petits fruits, canot, VTT, remisage
- La Croche (nord de La Tuque) : Chasse, pêche, cueillette de petits fruits et champignons, canot, kayak, VTT
- Menokeosawin (Lac-Édouard) : Chasse, pêche, cueillette de petits fruits, canot, kayak
- Tawachiche (nord de Saint-Tite) : Chasse, pêche, location de chalets, plage, location canot et chaloupe, poste de vidange
- Wessonneau (ouest de La Tuque) : Chasse, pêche, cueillette de petits fruits, canot, VTT, poste de vidange