Une auberge unique à Saint-Prosper
Yan Boissonnault avait en tête un projet bien original qu’il souhaitait développer à Saint-Prosper: une auberge affiliée à sa fermette où on pourrait en apprendre sur l’autosuffisance et reconnecter avec ses racines. C’est dans cette idéologie que Yan Boissonnault accueille ses visiteurs à l’Auberge du P’tit Prosper.
À l’origine, Yan Boissonnault songeait à devenir guide touristique, son travail de blanchissage étant saisonnier. L’idée a fait son chemin et, au lieu de diriger les visiteurs dans des gîtes et des auberges de la région, il a plutôt décidé de transformer son ancienne résidence, située à quelques pas seulement de sa fermette, en auberge. L’Auberge du P’tit Prosper vient tout juste d’obtenir ses deux soleils et comporte trois chambres.
Sa fermette se veut être l’activité première des visiteurs de l’auberge. « Ma fermette permet une première approche avec les animaux, le jardinage, la transformation de produits, et il est même possible de déguster le fruit de notre labeur. Les produits de la ferme ne sont pas pour vendre. La ferme est pour inspirer, faire découvrir, sensibiliser », explique M. Boissonnault. Pour l’instant, douze poules et quatre chèvres y demeurent.
« N’importe qui peut venir à la fermette. C’est sécuritaire et c’est facile de venir nourrir les animaux. D’ailleurs, dans les installations de la fermette, toutes les instructions sont affichées pour bien prendre soin des animaux. Même les outils sont tracés sur les murs pour que tout soit remis à sa place. La clé, c’est l’organisation », poursuit-il.
Aux dires de Yan Boissonnault, Saint-Prosper est un superbe endroit pour aller séjourner. Il offre également de faire découvrir la culture ainsi que toutes les activités de la région. L’homme est amoureux de son coin de pays et adore échanger avec les gens. En plus de son expérience et de ses connaissances, il est même prêt à faire de la musique pour ses visiteurs!
En plus de traire les chèvres, de nourrir les chevreaux qui naitront au printemps ou de ramasser les œufs, il est possible à la fermette de cuisiner le produit des récoltes. À la fermette, une cuisine au sous-sol a en effet été aménagée pour faire de la transformation.
Le Prospérien se penchera également bientôt sur la création d’un livre de recettes pour que tous puissent participer à la transformation. On y trouvera entre autres des méthodes pour confectionner du kombucha ou du fromage en grains. Il obtient jusqu’à 6 litres de lait de chèvre par jour, il est donc impératif de le transformer.
On peut dire que l’Auberge du P’tit Prosper est un véritable lieu d’apprentissage et d’échanges; pas seulement pour les visiteurs, mais également pour Yan Boissonnault lui-même, comme lorsqu’il a appris comment faire ses marinades de concombres avec les occupants de son auberge.
Yan Boissonnault décrit Saint-Prosper comme un endroit paisible dans lequel il essaie de créer une vie communautaire. « C’est à nous de nous occuper du village. En bâtissant un projet comme ça, j’amène une visibilité à Saint-Prosper. De plus, avec les valeurs que je véhicule avec mon projet, je pourrais attirer de nouvelles familles. J’aime ça voir des étrangers venir brasser les choses! », lance-t-il avec enthousiasme.
À la découverte des fermes biologiques
Pour le moment, la principale clientèle de l’Auberge du P’tit Prosper est des jeunes qui veulent se démarrer une microferme ou encore vivre de l’autosuffisance. Profiter de l’expérience et des installations de Yan Boissonnault, c’est une belle façon d’en apprendre sur la réalité du projet. D’ailleurs, M. Boissonnault affirme que certains découvrent en passant chez lui qu’ils ne sont finalement pas faits pour ce rythme de vie!
« Les gens aiment beaucoup leur qualité de vie, mais la qualité de vie, si tu es tout seul, il n’y en n’a plus. Ce n’est pas plaisant quand tu as des animaux, mais que tu n’as pas le temps d’en prendre soin », explique-t-il.
Il reçoit également beaucoup de WWOOFers (World Wide Opportunities on Organic Farms), une plateforme qui permet d’entrer en contact avec des fermes et de petites exploitations biologiques à travers le Canada. Yan Boissonnault affirme apprécier le « petit côté voyage », l’échange culturel et l’esprit de communauté qui viennent avec ces voyageurs.
C’est d’ailleurs Magalie, une voyageuse qui en est à son second séjour en WWOOFing à Saint-Prosper, qui a entre autres aidé M. Boissonnault avec son site internet.
L’aubergiste rappelle que n’importe qui est le bienvenu chez lui, que ce soit quelqu’un qui arrive de la ville et qui ne voit jamais d’animaux, ou encore pour faire découvrir à un enfant d’où vient le lait qu’il boit chaque jour. « On est tous là à vivre sur nos ordinateurs, à aller à l’épicerie, à mettre de l’essence dans notre voiture, mais on est tous un peu déconnectés », dit-il. Selon lui, il faut reprendre un peu d’autonomie. « L’art de vivre, c’est ce que je développe ».