L’identification des champignons

CHRONIQUE. Dès l’enfance on nous apprend à nommer les choses que l’on voit. Table, Chaise sont des mots simple pour des choses différentes. Table et chaise appartiennent à la catégorie de meubles. Elles ont des pattes au nombre de quatre. Une chaise est plus petite qu’une table.

Pour les champignons, c’est semblable. On doit commencer par apprendre le vocabulaire et les parties. Il y a plusieurs qualificatifs pour les formes, pour les couleurs, pour les dimensions, et pour toutes les particularités.

Pour pouvoir identifier un champignon « hors de tout doute possible », un mycologue doit impérativement voir-mesurer-qualifier-sentir le carpophore, ainsi qu’analyser le milieu écologique du spécimen cueilli.

Ici on voit de la mousse, des feuilles et aiguilles au sol. (photo Stéphane Lamanna)

Toujours, on doit regarder le chapeau vu du haut, et vu du dessous.

Toujours, on doit regarder le pied, jusqu’à sa base qui est parfois recouverte dans le sol.

Toujours, on doit couper le chapeau pour voir la chair, et s’il y a une cuticule (membrane du dessus).

Toujours, on doit regarder la texture du pied et le couper transversalement et longitudinalement, pour voir s’il est creux, ou s’il y a d’autres particularités.

Toujours, on doit donner une idée de la grandeur avec un item connu.

 

Ça se mange?

Voici la pire question à poser à un mycologue ou à un guide. C’est évident qu’on aimerait les manger. Mais avant d’en arriver à cette question, il est nécessaire d’en poser d’autres afin d’identifier le spécimen récolté.

Il y a plusieurs groupes Facebook, des forums, des blogs, des encyclopédies, des logiciels qui pourraient vous aider à cette identification.

Critères d’identification :

Voici  ce que vous devriez faire pour demander adéquatement  d’’identifier un nouveau champignon :

Le milieu : Prenez une bonne photo, de l’ensemble du milieu écologique où vous avez trouvé le champignon. Dites où et quand vous avez trouvé ce champignon. « J’ai trouvé ce champignon sous un pin gris, il y avait des hêtres et une vielle souche recouverte de mousse (on ne sait pas de quelle espèce d’arbre il s’agissait). C’était en Mauricie, le 15 juillet. Il avait plu 5 jours avant. »

Le chapeau : Ensuite faite une bonne photo au focus, en montrant les petits détails du dessus du chapeau. Si possible, montrez plusieurs chapeaux à leurs différents stades de croissance. Certains champignons n’auront pas le même aspect jeune qu’à maturité.

Ici on voir un creux au centre et une ligne foncée puis une bande pâle au pourtour

 

 

Faites aussi une photo du détail du dessous et d’une coupe du chapeau. Ainsi on verra si c’est un champignon à lames, à tubes, à pores, à alvéoles, ou à replis. On pourra ainsi voir l’épaisseur de la chair, et si il semble y avoir une peau sur le chapeau (le cuticule).

Ici les lamelles sont serrées et décurentes, c’est-à-dire qu’elle descendent sur le pied.

 

 

Le pied : Faire une photo des pieds jusqu’à la partie dans le sol, y-a-t-il un bulbe, une pointe, une sorte de racine. La forme du pied est-elle droite (égale de la base jusqu’au chapeau), ventrue (plus grande au milieu), clavée (élargissement de la base), etc.

Quel  est le revêtement du pied, est-il avec des motifs, lisse, poilu, picoté ? on parlera alors de l’armille, l’anneau, s’il est tomenteux ou rétuculé

Faire une photo de la section du pied, pour voir s’il est creux, plein, granuleux… Et décrire sa texture, fibreuse, cassante, élastique, coriace ou tendre.

Ici, le pied s’élargit à sa base. On voit aussi la main qui nous indique avec une bonne idée quelle est la taille de ce spécimen.

Propriétés organoleptiques : Ensuite décrire du mieux que vous pouvez les aspects qui ne se voient pas : qu’est-ce que ça sent, patates crues, amandes, anis, farine mouillée, les biscuits feuille d’érable… dites ce que vous sentez, même si ça vous semble farfelu.

Les mycologues vont aussi mettre le bout de la langue sur certaines parties du champignon pour en goûter l’amertume. Parfois, le mycologue prendra un petit bout dans sa bouche, pour le goûter, puis recrachera toute matière et salive, pour ne pas ingérer le champignon. Mais je ne recommande pas ceci aux débutants.

Dans le cas de ces photos, ça sentait et goûtait fortement le biscuit à feuille d’érable.

Vocabulaire ou image ?

Certes on peut décrire toutes les parties et les qualificatifs d’un champignon avec des mots, mais pour le débutant, qui ne connait pas encore toute la panoplie d’adjectifs, les images ou photos sont plus simples et utiles afin de demander l’identification.

Avec ces informations, il sera beaucoup plus facile de faire l’identification d’un spécimen.

Les Groupes Facebook :

Vous pouvez adhérer à des groupes de mycologie, d’identification, de cueilleurs sur votre compte Facebook.

 

Voici le nom de quelques groupes Facebook utiles :

  • Mycologues amateurs de Lanaudière et Mauricie
  • CMAQ Cercle des mycologues amateurs de Québec
  • Mycologie et nature québécoise
  • ACPFNL – Vente et achat de PFNL
  • Cueillette commerciale en forêt
  • Cuisine de champignons

 

Facebook est une plateforme très utile pour ce genre d’activité. Vous avez accès par votre téléphone cellulaire, directement en forêt, et pouvez publier les photos et les renseignements que vous avez amassé, et parfois, vous aurez des réponses presque instantanées. C’est à ce moment, que vous pouvez demander s’il s’agit d’une espèce comestible. Certains groupes ne voudront pas donner ce renseignement, par mesure de précaution.

 

Les CLÉS d’identifications :

Dans un prochain article, je vous présenterai les clés d’identification et leur fonctionnement.

Il pleut et il fait chaud, le temps est humide, je retourne dans les boisés. La saison de l’abondance de champignons devrait bientôt commencer !

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Stéphane Lamanna est un mycologue amateur de Grandes-Piles et membre du Cercle des mycologues de Lanaudière et la Mauricie.  Au fil de ses chroniques, il souhaite partager sa passion de l’étude des champignons et de leurs propriétés insoupçonnées.