Des champignons importants pour les végétaux

CHRONIQUE. Les récentes découvertes en matière de langage et interactions entre les végétaux prouvent que les champignons, leur mycélium plus précisément, font l’interface de communication entre les plantes.

D’ailleurs, il serait vraiment difficile de cultiver un végétal sans aucun représentant de la fonge. La plante a besoin de minéraux, de l’eau provenant du sol, de l’oxygène et du carbone provenant de l’atmosphère, et de l’énergie du soleil pour faire la photosynthèse.

Les mycéliums ont la capacité de sécréter des substances qui dissolvent les roches, puisant les minéraux précieux et les champignons du type « mycchoriziens » vont proposer une échange intéressante aux plantes. « Je vous donne des minéraux en échange de sucres ».

L’arbre accepte et les deux compères en profitent. Il s’agit d’une relation de mutualisme (1+1=2) si les deux conservent la même vigueur, et sera du type symbiotique (1+1= >2) si les deux gagnent en vigueur par l’interaction avec l’autre.

Chez Violon et Champignon, (https://violonetchampignon.com/) une expérience de culture symbiotique [avec et sans] champignons a été réalisée sur une culture d’ail. Résultats : deux fois plus d’ail lorsque cultivés avec le mycélium de strophaire rouge vin. De plus, des champignons peuvent être récoltés et vendus. La relation est symbiotique car on termine l’équation avec beaucoup plus de rendement.

La Myco-communication

Mais les avantages de combiner mycchorizes et plantes ne s’arrêtent pas là. Des recherches ont démontrées qu’un arbre qui se fait attaquer par un aphide (puceron) va commencer à se protéger de cet agresseur. Les arbres voisins, s’ils sont reliés par les mycéliums du sol, vont aussi recevoir l’information qu’un aphide a attaqué un voisin et ils se mettront à produire aussi cette protection sans avoir eu de contact avec l’agresseur.

Plusieurs observations ont été faites concernant les arbres d’un milieu écologique qui se mobilisent pour transférer les nutriments essentiel à un autre arbre similaire se développant dans une forêt voisine ayant une tout autre écologie. C’est-à-dire qu’une forêt désire elle aussi se propager pour sa survie en envoyant ses rejetons plus loin. Les forêts communiquent via les mycéliums.

Qu’arrive-t-il en l’absence de mycélium ?

Les épandages généralisés de fongicides sur une culture éliminent les « mauvais » champignons. Ils disparaissent des feuilles, des tiges de la plante. Par contre, les « bons » champignons sont aussi éliminés notamment au niveau des racines des plantes. Les échanges entre les champignons et les plantes ne peuvent pas avoir lieu. Les plantes sont en constantes carences et l’industrie propose des engrais périodiques pour contrevenir à ces pannes.

Plusieurs pays et agriculteurs qui ont fait le virage biologique constatent qu’ils ont autant sinon plus de rendement en cultivant naturellement. Ils doivent affronter autrement les problèmes  de leurs cultures par des moyens ancestraux, et des techniques agricoles et forestières d’une nouvelle pensée.

Une analogie avec l’internet et les réseaux

L’internet et les livres numériques ont beaucoup contribués à l’innovation d’une nouvelle forme de culture. La connaissance de l’Un est à la disponibilité de Tous. On peut interagir. Les solutions fusent de tout partout sur la planète, 24h par jour.

Les mycéliums sont « l’internet » de la nature, ils communiquent d’arbre en arbre, de forêt en forêt, ils échangent des minéraux, des sucres, des enzymes, des métabolites. Lorsqu’une autoroute de mycélium est coupée par une petite pelle ou une pelle mécanique, aussitôt l’information va se mettre à passer par un autre chemin. Quand une question est soumise au mycélium, il va trouver la réponse en utilisant tous les nœuds de ces neurones.

Donc il existe un point commun entre mycéliums, forêts, routes, lignes téléphoniques et électriques, galaxie et univers. Il s’agit de RÉSEAUX.

La santé de la planète et sa capacité de faire face à toutes les éventualités (sa résilience) vient aussi des champignons. C’est d’ailleurs les champignons qui ont redémarré la vie après les cinq grandes extinctions de masses précédentes.

Les Mycéliums et leurs champignons sont puissants, versatiles, résilients, et extrêmement intelligents. Ils offrent beaucoup d’avantages.

Le Futur mycologique

Les travaux actuels sur les champignons couvrent les matériaux de construction, d’isolation, d’insonorisation, sur la filtration de l’eau potable, la décontamination des encres synthétiques (certains pharmaceutiques et pesticides) problématiques pour l’environnement, et la production de cuirs végétaux. La liste est longue, mais le futur nous promet déjà plusieurs avancées grâce aux champignons et aux mycéliums.

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Stéphane Lamanna est un mycologue amateur de Grandes-Piles et membre du Cercle des mycologues de Lanaudière et la Mauricie.  Au fil de ses chroniques, il souhaite partager sa passion de l’étude des champignons et de leurs propriétés insoupçonnées.