Du sirop d’érable vieilli en fût de bourbon
NOTRE-DAME-DU-MONT-CARMEL. L’acériculteur Jean-Philippe Brière produit un sirop d’érable au goût unique. Le Montcarmelois fait vieillir son sirop dans un baril de bois qui a contenu du bourbon.
Propriétaire de l’Érabrière – Artisan acéricole à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, Jean-Philippe a testé pour la première fois cette année la technique pour produire son sirop vieillit en fût de bourbon. Il a utilisé un baril de dix gallons. Après quatre mois d’attente, il a obtenu 96 bouteilles. Elles sont d’ailleurs déjà toutes vendues.
«Étant donné que je n’ai pas de quotas, je peux seulement vendre mes produits à la ferme. Je dois donc trouver d’autres moyens d’écouler ma récolte. Il y a beaucoup de producteurs au Québec et je voulais me démarquer», explique-t-il.
«Le fait d’utiliser un petit baril est bénéfique, ajoute ce dernier. Les saveurs se développent encore plus rapidement parce qu’il y a plus de surfaces de contact par volume de sirop d’érable. Le vieillissement est accéléré. Toutes les trois semaines, je rajoutais un peu de sirop dans le baril et je le tournais. J’ai sorti le sirop après quatre mois.»
C’est en faisant des recherches que Jean-Philippe a découvert que cette méthode était employée au Vermont. «Je regarde beaucoup ce qui se fait aux États-Unis parce qu’ils n’ont pas les mêmes paradigmes que nous. Ça apporte des idées rafraîchissantes, mentionne-t-il. Je m’inspire de ça. Mon but, c’est de faire quelque chose de différent de la canne de sirop traditionnelle.»
Trouver un baril ayant contenu du bourbon n’a pas été facile. Jean-Philippe a dû faire affaire avec un importateur de produits de microbrasserie qui réside à Vancouver. «Le baril est parti du Texas pour se rendre à Vancouver avant d’arriver ici», indique l’acériculteur.
Ce dernier devra d’ailleurs bientôt commander un nouveau baril puisqu’il se limite à un vieillissement par baril afin de conserver un maximum de saveurs. Ce sera également l’occasion pour lui de tester une technique de vieillissement plus longue.
Rattrapé par ses racines
Ancien journaliste sportif, Jean-Philippe Brière travaillait à Toronto quand il a décidé de faire un retour à la terre, il y a trois ans de cela. «Mes deux grands-pères avaient des cabanes à sucre familiales. J’ai toujours adoré ça, raconte-t-il. Ce que j’aime de l’acériculture, c’est le côté rassembleur et festif.»
«Quand j’étais à Toronto, je me disais que ce serait un projet de retraite, poursuit-il. Mais plus le temps passait, plus j’avais le goût de commencer tout de suite, plus je voyais que la retraite était loin. J’avais envie de revenir dans la région.»
Il lui a fallu environ un an et demi de réflexion avant de finalement remettre sa démission. Une décision qu’il ne regrette pas du tout. «Je suis content de ne pas avoir attendu à ma retraite parce que les terres familiales que j’exploite n’étaient pas des érablières, dit-il. C’était des lots à bois sur lesquels il y avait des érables. Il fallait faire l’aménagement forestier avant de pouvoir entailler. J’ai fait un gros ménage le premier été. C’était très exigeant physiquement, mais j’ai aussi beaucoup appris.»
Pour le moment, l’Érabrière – Artisan acéricole compte 1 200 entailles et ce nombre continuera de croître en fonction de la demande. Jean-Philippe Brière récolte l’eau d’érable sur deux sites situés à Notre-Dame-du-Mont-Carmel et a pour projet d’en exploiter d’autres d’ici quelques années.