Une nouvelle plateforme pour informer le public sur les médicaments et la grossesse
MONTRÉAL — La majorité des femmes prendront au moins un médicament au cours de leur grossesse, mais elles manquent grandement d’information sur les risques que cela comporte. Devant cette faille, une première plateforme pancanadienne d’informations sur les médicaments et la grossesse et destinée au grand public a officiellement été lancée mardi au CHU Sainte-Justine, à Montréal.
La plateforme en ligne, qui se nomme HUB GROSSESSE en Santé, est une ressource d’informations fiables qui est le fruit de 20 ans de recherche sur les risques et les bénéfices des médicaments chez la femme enceinte.
On y retrouve notamment une bibliothèque bilingue sur l’innocuité des médicaments pris durant la grossesse, des infographies, des capsules vidéos et balados ainsi qu’un agent conversationnel pour faciliter la recherche sur le site. Une attention particulière a par ailleurs été apportée pour les enjeux des communautés autochtones et des minorités culturelles, pour lesquelles les données scientifiques sont plus rares.
Le projet est dirigé par Anick Bérard, chercheuse au CHU Sainte-Justine et professeure à la Faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. «Trois personnes enceintes sur quatre vont prendre au moins un médicament durant leur grossesse. Ça peut être une Tylenol, de l’acétaminophène ou un antiépileptique. Le spectre est très large, mais il reste que 75 %, donc la majorité des personnes enceintes, vont prendre un médicament durant leur grossesse. Et elles demandent toujours si elles devraient le prendre ou non, quels sont les risques ou les bénéfices», relate Mme Bérard en conférence de presse lors du lancement de la plateforme.
Elle indique qu’il y a de plus en plus de recherches sur le sujet, mais elles ne se transmettent pas à la population visée, c’est-à-dire les femmes enceintes et les familles. «Parfois même, l’information ne se rend pas jusqu’aux prescripteurs, les médecins et les pharmaciens qui peuvent maintenant prescrire davantage [au Québec]», affirme Mme Bérard.
Simon De Denus, doyen de la Faculté de pharmacie à l’Université de Montréal, croit que l’implication des professionnels de la santé est un aspect critique dans cette transmission du savoir. «Et c’est pourquoi l’approche multidisciplinaire derrière cette plateforme, qui inclut entre autres des pharmaciennes, est si importante, dit-il. La prise en charge de femmes enceintes demande de baser ses décisions sur les meilleures données disponibles afin de choisir le meilleur médicament ou dans certains cas, de choisir de ne pas prendre de médicament.»
Pour mettre à jour les informations, le HUB GROSSESSE en Santé compte sur la collaboration de 70 chercheurs à travers le Canada ainsi que 2000 personnes qui partagent leur expérience vécue.
Katie DiCaprio fait partie des mamans partenaires. Elle constate qu’un stigma persiste pour les femmes qui prennent de la médication durant leur grossesse. Elles ont honte de prendre des médicaments et leur priorité est la santé du bébé. Mme DiCaprio souligne toutefois qu’une mère en santé va naturellement favoriser la santé du bébé et que les médicaments peuvent favoriser cela dans plusieurs cas.
«Chaque année, de nombreuses femmes suivies dans notre établissement et ailleurs doivent prendre des médicaments pendant leur grossesse, a déclaré Isabelle Demers, directrice générale du CHU Sainte-Justine. Grâce à ce projet, nous serons en mesure de mieux les accompagner. Le HUB GROSSESSE en Santé offre désormais aux mères et aux équipes soignantes des ressources fiables et accessibles pour qu’elles puissent prendre les meilleures décisions.
«En agissant en amont, le HUB rend possible une meilleure gestion des risques pendant la grossesse, poursuit Mme Demers. Cette approche proactive prévient des complications et même des soins plus sécuritaires mieux adaptés aux besoins spécifiques des femmes enceintes. Il fera toute la différence.»
La plateforme informative s’inscrit dans le cadre du projet Canadian Mother-Child Initiative on Drug Safety in Pregnancy – Outreach program (CAMCCO-Outreach). Il est financé à hauteur de 840 000 $ par la Coalition pancanadienne pour la santé des femmes de l’Institut de la santé des femmes et des hommes des Instituts de recherche en santé du Canada.
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