Des récits d’auteurs de la région qui parlent de la Mauricie et de son patrimoine

SAINT-NARCISSE. L’anthologie « Contes, légendes et nouvelles de la Mauricie » a paru le 20 octobre dernier. Elle recense 80 textes de 63 auteurs et autrices sur une longue période allant de 1872 à aujourd’hui. Des textes inédits enrichissent également cette sélection de récits variés bien de chez nous.

Philippe-Daniel Clément des Éditions Wampum de Saint-Narcisse trouvait important de créer un tel ouvrage comme il en existe des semblables consacrés à des œuvres littéraires d’autres régions du Québec.

« Ça faisait un bout de temps que j’y pensais. Dans les années 2000, les éditions Trois-Pistoles, menées par Victor Lévy-Beaulieu, ont fait toute une série qui s’appelle  »Contes, légendes et récits » de Québec, de l’Abitibi-Témiscamingue, de la Gaspésie, etc. Ils en ont fait au moins une quinzaine. C’est quand même très vaste mais à l’intérieur de cette collection-là, il n’y a pas de volume qui couvre la Mauricie. »

Pour que les textes puissent être inclus dans le projet, ils devaient répondre à deux critères.

« Il fallait que les auteurs soient nés en Mauricie ou y aient vécu pour une période d’au moins quelques années et le thème devait faire référence à la Mauricie, c’est-à-dire que l’action des nouvelles, contes ou légendes doit se dérouler ou évoquer la Mauricie. »

Le travail de recherche en a été un de longue haleine afin de sélectionner les textes les plus pertinents.

« D’excellents ouvrages qui ont été écrits dans les années 70 ont répertorié pas mal de contes, nouvelles et légendes. Je suis parti de là et je suis allé tout vérifier ça, d’une part des recueils d’auteurs, mais ça c’est plus tardif parce qu’au départ c’étaient les journaux qui publiaient les nouvelles, contes et légendes en Mauricie. D’anciens journaux comme Le Mauricien, Le Journal du bien public, qui était aussi une maison d’édition, et d’autres journaux nationaux. J’ai fouillé dans ça, j’ai passé des mois et des mois à éplucher, à lire. »

Quatre sections chronologiques

Puisque des textes de genres différents composent l’ouvrage, M. Clément a choisi de les classer par période afin d’insuffler une fluidité à la lecture.

« J’ai adopté un ordre chronologique parce que ça me paraissait le plus juste pour la plupart des auteurs. La première partie couvre la fin du 19e siècle, c’est Le cabinet des curiosités, avec des auteurs très anciens: Pamphile Lemay, Hector Berthelot, Benjamin Sulte, Napoléon Caron, Rodolphe Girard. Le premier texte que j’ai répertorié, c’est une légende qui date de 1872. »

La seconde partie couvre la première moitié du 20e siècle et s’intitule Le régionalisme mauricien.

« Dans le développement de la littérature en Mauricie, il y a eu une période très axée sur le développement régional, même au niveau culturel. Je pense que l’expression régionalisme mauricien a été avancée par Albert Tessier, un prêtre et un cinéaste très connu qui avait découvert Félix Leclerc. On a aussi Clément Marchand, le fondateur des éditions du Bien public qui ont publié plus de 300 titres à travers les années et qui ont fait connaître bien du monde. On a Gérald Godin qui a été député à l’Assemblée nationale et qui a écrit un recueil de nouvelles. Il y a aussi deux grands écrivains de Louiseville, Jacques Ferron et Madeleine Ferron. »

Plus on avance dans le temps, plus on remarque la présence des autrices. La troisième partie, La voix des femmes, leur est entièrement consacrée.

« On les voit apparaître dans la littérature mauricienne, non seulement au niveau des nouvelles, mais au niveau des autres genres littéraires. On retrouve Adrienne Choquette de Shawinigan, qui a donné son nom à un prix prestigieux de la nouvelle au Québec, Francine Brunet, qui a écrit plusieurs romans et des nouvelles, Judith Cowan qui a passé la majeure partie de sa vie ici, qui a enseigné à l’UQTR. Elle a écrit trois recueils de nouvelles. »

Parmi les auteurs plus récents figure Fred Pellerin dont deux textes sont publiés dans le recueil.

« Au niveau des contemporains, il y en a quelques-uns qui sortent du lot: Gaétan Brulotte, qui n’est pas originaire de la Mauricie mais qui a enseigné à l’UQTR pendant de très nombreuses années. Il a encore  un pied à terre ici. C’est non seulement un grand nouvellier mais aussi un spécialiste de la théorie sur la nouvelle, tout comme Michel Lord, qui vient du Cap-de-la-Madeleine et qui a enseigné toute sa vie. Il est retraité de l’Université de Toronto et il a écrit plusieurs recueils d’analyse de nouvelles du Québec. Gilles Pellerin a fondé la première maison d’édition exclusivement consacrée à la nouvelle, au départ, L’instant même. Gérald Gaudet a enseigné à Trois-Rivières. Il est présentement président de l’Académie des lettres du Québec. Pierre-Luc Barry, de Saint-Tite, a écrit deux livres de contes. Normand Lafleur a enseigné la littérature au Cégep de Shawinigan, au Cégep de Trois-Rivières et à l’UQTR. Pierre Châtillon, un musicien et un écrivain, a écrit énormément de recueils de nouvelles. C’est quelqu’un de Nicolet mais il a beaucoup travaillé en Mauricie. »

La dernière section regroupe 16 textes inédits de 13 auteurs différents.

« La quatrième partie je l’ai intitulée Les feux de Bengale parce que ça va dans à peu près toutes les directions. 16 inédits, c’est beaucoup plus que la normale de ce genre d’anthologie. »

L’ouvrage a pu être réalisé grâce à des subventions du programme de partenariat territorial du Conseil des arts et lettres du Québec et de la MRC des Chenaux.