Le procès pour agression sexuelle de Gérard Depardieu est reporté

Le tribunal correctionnel de Paris a décidé lundi de reporter le procès pour agression sexuelle de l’acteur français Gérard Depardieu en raison de ses problèmes de santé, déplaçant le début des procédures au mois de mars de l’année prochaine.

Depardieu, qui a nié tout acte répréhensible, est accusé d’avoir usé de «violence, contrainte, menace ou surprise» lors des agressions présumées contre deux femmes, qui auraient eu lieu sur le tournage du film «Les volets verts».

Le tribunal a également ordonné à un expert d’évaluer les problèmes de santé de l’acteur de 75 ans. L’avocat de Depardieu, Jérémie Assous, a réclamé le report, affirmant que l’acteur souffrait de problèmes cardiaques et de diabète.

Me Assous a déclaré que les médecins avaient décidé que l’acteur n’était pas en assez bonne santé pour assister au procès, bien qu’il ait hâte de comparaître et de se défendre devant le tribunal.

«Il a hâte de se défendre, car depuis plus de trois ans, un nombre considérable d’inexactitudes, de fausses informations et de mensonges ont été systématiquement diffusés et relayés», a déclaré Me Assous à l’Associated Press.

«Nous n’avons eu que la parole de la poursuite. Et maintenant, enfin, nous allons pouvoir avoir la parole de la défense.»

Les procureurs plaident que, dans les deux cas, l’acteur a coincé sa victime entre ses jambes et lui a touché les fesses, les parties génitales, la poitrine et les seins par-dessus ses vêtements. Ils affirment qu’il y a des témoins sur le plateau de tournage.

Ce procès s’inscrit dans le contexte où la France continue de faire face aux violences sexuelles dans le sillage du mouvement #MoiAussi.

Une centaine de personnes se sont rassemblées devant le tribunal, certaines brandissant des pancartes, en réponse à l’appel de plusieurs groupes féministes à manifester leur soutien aux victimes de violences sexuelles. Certains militants ont pénétré dans la salle d’audience et se sont assis parmi les autres membres du public.

Deux plaintes contre l’acteur

L’une des victimes a été identifiée comme étant une cheffe décoratrice de 53 ans. L’Associated Press (AP) n’identifie généralement pas les victimes d’agression sexuelle sans leur consentement. Son avocat n’a pas répondu à un courriel de l’agence de presse à ce sujet.

Selon les procureurs de Paris, la femme a déclaré aux enquêteurs qu’elle avait d’abord entendu des remarques sexuelles de la part de Depardieu, puis un jour, alors qu’elle passait devant lui, il l’avait «attrapée, tirée vers lui, bloquée avec ses jambes et lui avait touché la taille, les hanches et la poitrine, accompagnant ses gestes de remarques obscènes».

Trois personnes ont assisté à l’incident, selon les procureurs, confirmant que la femme a tenté de se libérer de l’emprise de Depardieu et qu’elle semblait «choquée». Elle a obtenu un congé de maladie de sept jours après une évaluation psychologique.

Après l’incident, il a été convenu que Depardieu s’excuserait. Mais dans une entrevue télévisée diffusée samedi, la femme a déclaré que l’acteur était furieux et lui reprochait d’avoir causé des problèmes. Selon les procureurs, des témoins ont confirmé que les propos de Depardieu ne constituaient pas des excuses.

Le mois précédant l’agression présumée, une autre femme travaillant également sur le tournage du film s’était plainte contre Depardieu, selon le parquet de Paris.

L’aide-réalisatrice a mentionné aux enquêteurs que Depardieu lui avait touché les fesses à plusieurs reprises. Elle a exprimé sa désapprobation et, en retour, Depardieu, selon elle, l’a insultée. Elle a également obtenu un congé de six jours.

Me Assous a déclaré à l’AP dans un courriel envoyé samedi que «les témoins et les preuves que (Depardieu) produira démontreront qu’il est la cible de fausses accusations».

Appuis à Depardieu

Malgré les allégations contre Depardieu, nombreux sont ceux qui lui ont apporté leur soutien, y compris le président français Emmanuel Macron.

L’an dernier, 56 artistes, écrivains et producteurs français ont publié un essai défendant la vedette de cinéma, affirmant que, lorsque «Gérard Depardieu est ciblé de cette façon, c’est l’art (du cinéma) qui est attaqué».

Dans une lettre ouverte publiée dans le journal conservateur Le Figaro, Depardieu a déclaré l’année dernière: «Jamais, au grand jamais je n’ai abusé d’une femme.»

L’acteur a longtemps été considéré comme une icône nationale en France. Il a été un ambassadeur mondial du cinéma français et a connu une renommée internationale avec plusieurs rôles à Hollywood.