Les Villes délaissent la Classique de canots
CANOTS. Qu’adviendra-t-il de la Classique internationale de canots de la Mauricie si elle n’obtient pas l’appui des villes impliquées? Une lettre cosignée des maires des villes de La Tuque, Shawinigan, et Trois-Rivières adressée au président Jacques St-Pierre sonne le glas de cette organisation alors que les villes expriment que « votre conseil d’administration perd sa légitimité. »
Cette lettre a été acheminée au président Jacques St-Pierre le 22 octobre dernier, avant l’assemblée générale des créanciers (voir autre texte).
Voici la position des trois villes à l’endroit de la Classique comme le mentionne cette lettre. « L’adhésion des canotiers et canotières est indispensable à la réussite de la Classique. Il appert que ces derniers se sont rangés derrière l’organisation qui a pris en charge le dernier Défi de canot de la Saint-Maurice. Sans l’appui des participants, inutile de vous dire que votre conseil d’administration perd sa légitimité.
Pour ces raisons, les conseils municipaux de La Tuque, Shawinigan et Trois-Rivières ont voté, de façon unanime, pour mettre un terme au partenariat existant avec votre organisation. Dans sa forme actuelle, les élus n’appuieront aucune démarche émanant de votre part, et ce, même si l’offre que vous avez faite aux créanciers est acceptée.
Notre souhait le plus profond demeure que la Classique survive aux récents événements et qu’un transfert s’opère vers les organisateurs du Défi de canot de la Saint-Maurice. »
Le président du DCSM commente
Le président du Défi canot de la Saint-Maurice (DCSM) Martin St-Laurent qui a pris la relève de la Classique pour la présentation de l’événement en 2024, a réagit positivement lorsqu’on lui a demandé de commenter le contenu de cette lettre soumise à la Classique. « Wow! Ça sonne le glas de la Classique. Ça ne peut pas être plus clair! Michel Angers le maire de Shawinigan m’avait déjà mentionné que l’organisation devait être rajeunie. L’organisation doit être faite par des canotiers, et gérée par des canotiers. Cette lettre est clairement en accord avec ça. Il doit y avoir une révolution pour le monde du canot pour revenir aux lettres de noblesse de la Classique à une autre époque. Tristement, c’est gens-là ont déjà été administrateur et ils ont su mettre leur saveur dans la Classique, et ça levait. À un certain moment, le pouvoir corromp, le pouvoir s’effrite, et on arrive tristement avec une organisation qui n’avance plus, et on tombe dans ce qu’on voit là. La Classique aurait pu présenter un événement cette année, on a été capable en 7 semaines, pourquoi ils n’étaient pas capables? L’organisation n’était pas suffisamment réactive pour s’activer dans les délais. »
Le président du Festival de la rivière Jérémy Léveillé affirme être attentif à tout ce qui se passe avec la Classique actuellement. « On est en bonne relation avec l’ACCQ et l’ACRQ depuis les débuts du festival. D’ailleurs, on a collaboré avec le DCSM lors du dernier événement en prêtant du matériel. Si le DCSM va de l’avant pour une deuxième édition, on va encore épauler le comité avec un prêt de matériel, en logistique, et pour les bénévoles. C’est important pour nous de voir une course lors de la fête du Travail qui est organisée par des gens passionnés. »
Les canotiers derrière le DCSM
En très grande majorité, les canotiers se rangent derrière le DCSM. Christophe Proulx est un canotier réputé de longue date. « Si la Classique revient, je serais prêt à y participer. Mais pas avec ces gens sur le comité. J’adore la Classique, son image et l’histoire, mais je ne suis pas prêt à courser pour ces gens-là. »
La communauté du canot a été froissée de voir la présence de Keven Fraser au sein du comité à titre de vice-président, lui qui a purgé 90 jours de prison pour des délits de nature sexuelle sur une adolescente de 16 ans alors qu’il était employé de soutien à l’école secondaire Du Rocher. Questionné cet été sur son passé et s’il était à l’aise d’avoir Keven Fraser au sein du conseil d’administration de la Classique, le président Jacques St-Pierre avait répondu : « Tout le monde à droit à une deuxième chance. »
« Si ce sont les gens du DCSM qui sont derrière la Classique, c’est certain que je vais m’inscrire, ajoute Christophe Proulx. Les canotiers avec qui je parle, c’est pratiquement unanime. Les Américains se posaient beaucoup de questions sur le vice-président quand ils ont vu qu’il avait été condamné pour des délits sexuels sur une mineure. Il n’y en a pas un qui veut courser pour eux. Je suis vraiment content d’apprendre que les Villes ont envoyé une lettre à la Classique. Après autant d’années, les villes se sont ouvert les yeux concernant la gestion. Des gars comme Serge Corbin en parlent depuis des années qu’il y a des affaires pas correctes qui se passent. Je suis content de savoir que nos élus travaillent pour nous. »
Retour sur l’assemblée des créanciers
Au cours de l’assemblée générale des créanciers du mardi 22 octobre dernier, 12 des 24 créanciers se sont prévalus de leur droit de vote. (voir autre texte) Il semble toutefois que certains n’ont pas été avisés à temps de cette assemblée. Certains veulent prendre des recours judiciaires.
IciMédias, dont les Hebdos de la Mauricie font partie, est parmi ces créanciers. Informés à la dernière minute, nous avons été acceptés à titre d’observateurs à l’assemblée, mais faute de temps afin de remplir les formulaires requis, nous n’avons pas pu nous prévaloir de notre droit de vote.
Benoit Vincent de l’entreprise les Gonflés partage son épisode. « On a reçu l’avis de la firme de syndic, mais après d’autres créanciers. J’avais rempli mon droit de vote avant par courriel, mais je voulais participer à la rencontre parce que je croyais qu’il pouvait y avoir aussi une discussion concernant le conseil d’administration de la Classique, alors que c’était simplement un vote pour ou contre. Les papiers qu’on avait reçus n’expliquaient pas grand-chose. Encore là, on n’est pas certain de ce qu’on peut recevoir. Je voulais me connecter pour la rencontre, mais je n’ai jamais été en mesure de le faire. Je peux confirmer que ce n’était pas clair pour tout le monde. »