Embauches limitées de travailleurs étrangers temporaires: l’hôtelier Donald Desrochers sonne l’alarme
IMMIGRATION. La nouvelle réglementation du gouvernement fédéral faisant passer la limite d’embauche de travailleurs étrangers temporaires (TET) de 20% à 10% du total de la main-d’œuvre d’un employeur est une catastrophe pour l’industrie hôtelière, dénonce Donald Desrochers, propriétaire de la chaîne Marineau qui compte quatre établissements en Mauricie.
« C’est la pire chose qui pouvait arriver. Chez nous, j’ai 25 travailleurs étrangers qui viennent du Cameroun. Ce sont principalement des cuisiniers. Si je ne peux plus embaucher la moitié d’entre eux et que je ne peux pas les remplacer parce qu’il n’y en a pas de Québécois qui veulent prendre ces jobs-là, ça veut dire que devrai rationaliser. C’est simple, si tu n’as plus de staff pour opérer, l’entreprise ferme. Au lieu d’avoir deux hôtel à La Tuque, je pourrais peut-être juste en avoir un par exemple. »
Présentement, aucune coupure n’est prévue à brève échéance puisque la nouvelle mesure sera effective au moment où les TET en place devront renouveler leur permis de travail. Chez la chaîne hôtelière Marineau, c’est vers la fin de l’année 2025 que les premiers permis de travail arriveront à échéance et que l’enjeu se posera.
« Avant, le gouvernement délivrait des permis d’une durée de deux à trois ans. Là, avec la nouvelle règle, ça sera juste un an à la fois. Moi, ça me coûte environ 10 000$ pour faire venir une personne du Cameroun. Si ça me coûte 10 000$ par année au lieu de 10 000$ pour deux ou trois ans, ça commence à devenir cher pour faire venir quelqu’un », poursuit Donald Desrochers.
L’homme d’affaires en a également contre le fait que la nouvelle règle ne s’appliquera pas aux entités gouvernementales comme les écoles et les hôpitaux.
« Disons que mon hôtel est devant une école ou un hôpital. Eux, ils peuvent embaucher des TET dans les cuisines tant qu’ils veulent parce qu’il y a une pénurie d’employés gouvernementaux au Québec. Mais moi, on vient me dire qu’on va limiter ça à 10% de mon personnel. »
Donald Desrochers en a assez du discours des politiciens qui font des nouveaux arrivants leur tête de Turc pour tous les problèmes qu’ils ont à régler.
« Leur argumentaire, c’est que depuis cinq ans à cause des travailleurs étrangers temporaires, ils ne sont plus capables de fournir des soins de santé. Il n’y a plus de place en garderie, plus de place à l’école, plus de logements disponibles. Mais vois-tu, moi ça fait 20 ans que j’entends que les écoles tombent en ruines au Québec. Ça fait 20 ans qu’on n’est pas capable de trouver des médecins de famille. Ça fait 20 ans que j’entends dire qu’il y a 20 heures d’attente à l’urgence. Ça fait leur affaire de mettre ça sur leur dos, mais moi vois-tu, les Camerounais qui travaillent pour moi, ils paient des impôts, paient des taxes et ils veulent rester à La Tuque. Je ne peux pas concevoir qu’on dise que c’est eux le problème », conclut l’hôtelier sur un ton en colère.