Le jury a reconnu le musicien Jacob Hoggard non coupable d’agression sexuelle

HAILEYBURY, Ont. — Le musicien canadien Jacob Hoggard a été reconnu non coupable d’avoir agressé sexuellement une jeune femme dans le nord-est de l’Ontario il y a huit ans. Cette déclaration est le point culminant de près de deux semaines de procès, où le chanteur et la plaignante ont peint deux portraits bien différents des événements.

M. Hoggard, vêtu d’un complet noir, a fait face aux jurys pour entendre son verdict vendredi soir à Haileybury, une communauté dans Temiskaming Shores en Ontario.

Les jurés ont délibéré pendant moins de six heures vendredi avant de rendre leur verdict unanime.

L’ancien chanteur du groupe Hedley avait plaidé non coupable d’agression sexuelle. Néanmoins, il reste derrière les barreaux et purge une peine de cinq ans pour une autre condamnation pour agression sexuelle – une affaire dont les jurés n’ont pas entendu parler au cours de son procès.

Le consentement était la question centrale du procès, la Couronne et la défense ayant convenu que M. Hoggard avait eu une relation sexuelle avec la plaignante dans sa chambre d’hôtel à Kirkland Lake, en Ontario, en juin 2016.

La plaignante et le chanteur ont tous deux témoigné au procès. La femme, dont l’identité est protégée, était la seule témoin de la Couronne.

La plaignante, qui avait 19 ans au moment des faits, a dit que M. Hoggard l’a violée, étranglée, l’a frappée et a uriné sur elle, et l’a appelé de noms comme «sale petite cochonne». Elle a témoigné qu’elle avait peur et pleurait, refusant ses avances à plusieurs reprises et le repoussant. À deux occasions, elle a couru aux toilettes pour vomir, a-t-elle témoigné.

M. Hoggard a dit qu’ils ont eu une aventure d’un soir consensuelle après avoir flirté autour d’un feu. Il a affirmé que la plaignante ne s’était pas débattue et qu’il ne l’avait pas étranglée, restreinte, appelée par des noms et qu’elle n’a pas exprimé de méconfort.

M. Hoggard a dit que la plaignante a uriné sur lui à sa demande après qu’ils aient eu des relations sexuelles orales dans la baignoire.

Dans ses dernières instructions vendredi, le juge de la Cour supérieure de l’Ontario Robin Tremblay a dit aux jurés que pour déclarer M. Hoggard coupable, ils doivent croire hors de tout doute raisonnable que la plaignante n’a pas consenti à l’activité sexuelle spécifique qu’elle a dit avoir eue, et que M. Hoggard savait qu’elle n’y consentait pas.

Le consentement à un acte sexuel ne signifie pas que le consentement est donné pour tous les autres actes, et le silence, la soumission ou l’absence de résistance ne signifient pas non plus qu’il y a consentement, a-t-il expliqué vendredi. De même, suivre M. Hoggard dans sa chambre d’hôtel n’indique pas le consentement, a-t-il ajouté.

Il a aussi défendu aux jurés d’adopter des préjugés sur ce à quoi une relation consensuelle doit ressembler ou «quel genre de personnes est susceptible de consentir à quel type de contact sexuel», notant que les relations consensuelles peuvent prendre lieu dans une variété de contexte et inclure des activités de tout type.

Les avocats de la Couronne et de la défense ont chacun présenté un dernier argument au jury jeudi.

Les avocats de la défense du chanteur ont suggéré jeudi que la femme avait menti sur la nature de la rencontre pour dissimuler son infidélité et conserver le soutien de son entourage.

Ils ont également fait valoir que sa version des faits était pleine d’incohérences, plusieurs détails ayant changé au fil du temps.

Les procureurs ont plaidé que la femme n’avait aucune raison de mentir, notant qu’il n’y avait aucune preuve que les personnes de sa vie étaient au courant de l’incident, à l’exception d’un cousin qui l’accompagnait au concert.

La Couronne a contesté certaines des inexactitudes présumées dans son témoignage, notamment les détails sur le véhicule dans lequel elle se trouvait pour se rendre au feu.

Le procureur Peter Keen a reconnu qu’il y avait des incohérences sur les «détails périphériques» de son récit, mais a soutenu qu’elle restait «inébranlable» sur les éléments fondamentaux de ses allégations.

M. Hoggard a pour sa part admis avoir deux grands trous de mémoire dans ses souvenirs de la soirée, bien qu’il a dit que la nuit était mémorable puisqu’il s’agissait de la première fois où une femme a uriné sur lui lors de relations.

Les jurés n’ont assisté à aucun des procès du chanteur qui ont eu lieu à Toronto en 2022, où il a été trouvé coupable d’assaut conduisant à de voie de fait causant des lésions corporelles sur une femme d’Ottawa, et non coupable de mêmes allégations et d’agression sexuelle sur une admiratrice adolescente.

Le jury n’a pas non plus entendu que M. Hoggard a récemment commencé à purger une peine de cinq ans de prison dans cette affaire, après que la plus haute cour de l’Ontario a rejeté son appel. Il a demandé l’autorisation de faire appel devant la Cour suprême du Canada.