L’utilisation du cellulaire nuirait à la santé cardiovasculaire
MONTRÉAL — Chaque minute passée à utiliser un téléphone cellulaire chaque semaine a été associée à une hausse du risque de maladie cardiovasculaire, indique une nouvelle étude réalisée par des chercheurs chinois.
Cette hausse du risque était particulièrement importante chez les fumeurs et les diabétiques.
«C’est un sujet qui va continuer de faire parler dans les prochaines années parce que les gens vont s’intéresser à ça, a commenté le docteur François Simard, de l’Institut de cardiologie de Montréal. On n’a pas beaucoup de données, mais je pense qu’il va y avoir de plus en plus d’associations formelles qui vont être trouvées entre l’utilisation du cellulaire et notre risque cardiovasculaire.»
Les auteurs de l’étude ont décortiqué les données fournies par quelque 450 000 adultes qui ont enregistré le temps passé à utiliser un téléphone cellulaire chaque semaine entre 2006 et 2010.
Après plus d’une décennie de suivi, les chercheurs concluent que ceux qui utilisent régulièrement leur téléphone mobile sont plus susceptibles de développer une maladie cardiovasculaire.
«Notre étude a démontré que l’utilisation du téléphone portable était significativement associée au risque de maladie cardiovasculaire même après ajustement des facteurs de risque cardiovasculaire, notamment l’hypertension, le diabète, la dyslipidémie, l’obésité et la sédentarité, ce qui indique que cette association est indépendante de ces facteurs de risque cardiovasculaire», peut-on lire dans le Canadian Journal of Cardiology.
Aucune différence notable n’a été constatée entre les hommes et les femmes.
Les mécanismes qui expliquent cette association restent à préciser. On croit toutefois que l’utilisation d’un téléphone cellulaire pourrait occasionner un sommeil de moins bonne qualité ou encore un stress psychologique, ce qui pourrait ensuite perturber le rythme circadien ou être une source d’inflammation.
«On sait qu’une hygiène de sommeil moins optimale, l’anxiété et le stress sont des facteurs de risque clairs de maladie coronarienne, a dit le docteur Simard. On les sous-estime des fois un peu dans notre style de vie nord-américain, parce qu’on pense qu’on n’a pas le choix, mais ça fait partie des facteurs de risque.»
On peut aussi supposer que chaque minute passée à utiliser un téléphone mobile est une minute qui n’est pas consacrée à des activités bonnes pour la santé cardiovasculaire, comme l’exercice physique ou la méditation.
«Il y a seulement 24 heures dans une journée, et le temps qu’on consacre à une activité n’est pas consacré à une autre», a rappelé le docteur Simard.
Il n’est pas non plus impossible qu’une exposition chronique aux radiations du téléphone cellulaire soit une source de stress oxydatif et d’inflammation, préviennent les auteurs de l’étude.
Ils précisent par ailleurs que l’association a été constatée avec la fréquence d’utilisation du téléphone cellulaire, plutôt qu’avec la durée totale d’utilisation.
Le docteur Simard fait enfin remarquer que les auteurs de l’étude ont comptabilisé uniquement le nombre de minutes consacrées à des appels téléphoniques chaque semaine, alors qu’on sait très bien que ce n’est pas du tout la seule utilisation que font les gens de leur appareil.
«Honnêtement, je reste un peu sur ma faim, a-t-il dit. Il y a tellement d’autres choses qu’on veut savoir! Je pense qu’on va en entendre parler au cours des prochaines années parce que l’utilisation du cellulaire n’est certainement pas vouée à disparaître…»