Une Narcissoise aux JO de Paris: « Encore mieux que dans mes rêves! »

Nathalie Pronovost rentre de Paris où elle a réalisé un rêve: officier aux Jeux olympiques en tant que commissaire aux épreuves de vélo de montagne. Celle qui collaborait à l’organisation des Coupes Québec au Parc de la rivière Batiscan garde une place bien spéciale dans son cœur pour la région qui l’a vu évoluer jusqu’aux titres les plus prestigieux.

L’avocate de 54 ans ne pourra jamais oublier cette expérience si unique que de prendre part aux épreuves sportives les plus suivies de la planète.

« Ç’a été extraordinaire. Encore mieux que dans mes rêves. Le déroulement a été formidable, l’atmosphère, c’était fabuleux. Tout était magique. Tout était réglé au quart de tour pour rendre l’événement des plus spectaculaires pour les spectateurs et des plus excitants pour les athlètes. De tous les intervenants, on n’a eu que des bons commentaires. Je ne vous cacherai pas que ç’a été une expérience très stressante aussi. Quand le départ est donné, il faut livrer la marchandise. C’est un privilège d’être là, mais on n’a pas droit à l’erreur. Ç’a été une expérience dont je vais me rappeler toute ma vie. »

Nathalie a décroché le titre de commissaire internationale en 1996, l’année où le vélo de montagne faisait son entrée aux Jeux olympiques.

En compagnie de ses collègues commissaires internationaux en provenance d’Italie, de France, d’Argentine et d’Afrique du Sud, Nathalie Pronovost (4e) était la seule représentante d’Amérique du Nord à cette discipline.(Photo courtoisie)

« On appelle ça commissaire, mais arbitre, officiel, juge, c’est un peu la même chose, mais c’est le terme qui est utilisé en cyclisme. Je suis commissaire depuis 1990 au niveau provincial. Ensuite, j’ai gravi les échelons national et international en 1996. Depuis ce moment, j’attends avec impatience la désignation de l’Union cycliste internationale. Il faut savoir qu’on est plus d’une centaine, même près de 200 arbitres internationaux. Il n’y a que cinq commissaires à chaques jeux, ce qui n’est pas beaucoup. Le privilège d’être commissaire aux Jeux olympiques, c’est réservé à très peu de personnes. J’ai été très, très heureuse de recevoir cette désignation-là. »

Nathalie a appris qu’elle était choisie pour les Jeux olympiques de Paris alors qu’elle travaillait en pleine compétition internationale, l’automne dernier.

« J’étais commissaire en chef en Haute-Savoie. J’ai vu le courriel, je l’ai regardé rapidement dans la journée. Je me frottais les yeux, je me disais: « Peut-être que j’ai mal lu ». Je n’arrivais pas y croire. J’étais survoltée. Chaque personne que je voyais, je lui disais: « Je m’en vais aux Jeux olympiques! ». J’étais tellement contente. »

Son travail, qui s’est échelonné sur cinq jours, a débuté avant les compétitions.

« Il y avait deux épreuves à médaille, les femmes le 28 (juillet) et les hommes le 29. Dans les jours précédents il y a les entraînements. Il faut tout vérifier l’équipement, la tenue vestimentaire des cyclistes, les vélos. Dans la charte olympique, la règle 50 fait en sorte qu’il ne doit y avoir aucune publicité sur les articles. Il faut tout vérifier, rigoureusement: gants, chaussettes, jerseys, maillots, casques. Le manufacturier a le droit d’avoir son logo mais il y a des dimensions, des quantités, la distance entre les deux. »

La commissaire internationale Nathalie Pronovost aux Jeux olympiques de Paris 2024. (Photo courtoisie)

Durant les épreuves, chacun des commissaires a son rôle bien spécifique.

« J’ai assisté la commissaire en chef pour toute la préparation du départ, l’appel des athlètes et tout ça. Ils ont un ordre précis dans lequel ils doivent se présenter, un endroit précis sur lequel ils doivent se positionner pour le départ. Puis je m’occupais de ce qu’on appelle la règle du 80 %. C’est de retirer les coureurs plus lents pour éviter que le dernier coureur se fasse dépasser par le meneur. Ça crée de la confusion. »

Comme pour un athlète qui participe aux Olympiques, la famille et les amis de Nathalie s’installent devant leur écran pour la voir en action.  

« On essaie toujours de me voir, mais on nous enseigne à se cacher des caméras. On fait notre travail, mais chaque fois qu’on voit une caméra, on recule, on se tasse, on ne doit pas apparaître dans la mesure du possible. Normalement on ne nous voit pas si souvent que ça. On m’a vu juste avant l’arrivée de la deuxième et troisième femme. La caméra a filmé dans la zone de 80 %, on me voit rapidement. La famille trouve ça très drôle, elle essaie de me trouver. »

Nathalie prendra sa retraite du droit l’été prochain. Ça lui laissera plus de temps pour officier à des compétitions qu’elle refuse, par manque de temps. Elle doit judicieusement utiliser ses jours de vacances annuelles pour vivre sa passion de commissaire internationale aux quatre coins du monde.

Elle a la chance d’avoir un mari très compréhensif. Ce dernier a eu l’occasion suprême de le démontrer lorsque Nathalie a obtenu sa première assignation à une Coupe du monde, en 1997.

« J’ai dû reporter mon mariage d’une semaine pour pouvoir aller à cette Coupe du monde-là. Quand j’ai reçu mon assignation, c’était la date qu’on avait choisie. L’église était réservée, la salle était réservée, c’était au Grand-Mére Inn. Heureusement, les faire-part n’étaient pas encore envoyés. J’ai demandé à mon conjoint. Il est tellement compréhensif. Lui aussi, il a sa propre passion. Il fait des marathons. Donc, il comprend très bien et il m’encourage dans tout ça. »

Nathalie a profité de sa présence à Paris pour y demeurer deux jours de plus. Son conjoint est venu la rejoindre.

« J’essaie de me faire pardonner par mon conjoint justement en l’invitant deux jours après les Jeux avec moi. On a profité de l’occasion pour aller voir le rugby féminin. J’ai eu la chance d’être là la journée de la finale des femmes. Je suis aussi allée voir du volleyball de plage à la Tour Eiffel et du tennis à Roland-Garros. Comme touriste, après cinq jours d’excitation comme commissaire, ç’a été formidable. »