Violence conjugale: une escouade citoyenne se met en place

MAURICIE. Neuf personnes viennent de compléter la formation faisant d’elles des membres de l’Escouade de alliés.es de la Maison Le FAR, une escouade citoyenne qui vise à devenir une personne-ressource dans les milieux de travail pour les femmes victimes de violence conjugale.

Le projet d’escouade citoyenne a vu le jour dans le cadre du projet Sous tension, qui se déroule sur trois ans. « On a eu beaucoup de collectes d’informations et de statistiques dans la première année. Puis, on a tenu des panels. On a interrogé des personnes de tous âges et de tous les milieux pour savoir quel genre de personne elles aimeraient voir être le représentant du projet. C’est là que les gens nous ont dit qu’ils ne voulaient pas une vedette, mais bien quelqu’un en qui ils ont confiance, quelqu’un de leur entourage », raconte Ann Carbonneau, chargée de projet à la Maison Le FAR.

« C’est de là qu’est venue l’idée d’avoir un peu l’équivalent des sentinelles pour la prévention du suicide, poursuit-elle. L’objectif est d’avoir des personnes significatives dans le milieu de travail ou l’entourage vers qui les femmes pourront se tourner plus facilement. Ce n’est pas évident de s’avouer à soi-même qu’on est victime de violence conjugale et d’aller vers quelqu’un pour lui nommer ce problème. On a espoir que d’avoir la possibilité de se tourner vers une personne que la victime connaît pourra faciliter les choses. »

Les neuf premiers membres de l’escouade citoyenne viennent de terminer leur formation de neuf heures. D’autres formations ponctuelles leur seront aussi offertes. C’est trois de plus que l’objectif initial de six personnes pour cette première cohorte, un signe positif de l’intérêt des gens envers l’initiative.

« Ça montre que les gens veulent aider. Les gens qui ont terminé leur formation me racontaient qu’ils côtoient plusieurs femmes victimes de violence conjugale dans leur milieu et c’était important pour eux de savoir comment réagir et faire la bonne chose. Après chaque bloc de formation, certains me disaient qu’ils voyaient déjà des façons de mettre ces nouvelles connaissances en application dans leur milieu », explique Mme Carbonneau.

Les premiers membres de l’Escouade des alliés.es proviennent de milieux variés, dont certains qui travaillent dans de grandes entreprises. Pour s’identifier en tant qu’alliés des femmes victimes de violence conjugale, ceux-si pourront apposer un autocollant dans la fenêtre de leur bureau ou près de leur bureau. C’est le signe qu’il y a une personne de confiance à qui se confier.

« Il faut suivre le rythme de la victime. Il faut que ce soit la femme qui prenne action, qu’elle reprenne son pouvoir. Malheureusement, d’après les statistiques, une femme va se reprendre environ six à sept fois avant de quitter définitivement son conjoint. Elle va partir, elle va revenir, précise Ann Carbonneau. La personne qui l’aide peut se sentir découragée, voire inutile, mais elle ne l’est pas, car chaque fois que la femme va quitter, elle va reprendre un peu d’assurance et apprendre des choses sur elle-même. Il ne faut jamais oublier que tout ça commence par une histoire d’amour. Il y a l’espoir que cette histoire d’amour des débuts revienne. »

Les membres de la brigade disposent également d’une trousse dans laquelle ils ont divers outils, dont un outil confidentiel qui comporte la liste des choses que la femme ne doit pas oublier d’apporter si elle se prépare à quitter la personne violente. Cette liste pourra être remise de façon confidentielle et anonyme.

La Maison Le FAR souhaite faire perdurer le projet au-delà des trois années couvertes par la subvention obtenue pour le projet Sous tension. « Ultimement, on aimerait avoir le plus grand nombre de membres de l’escouade citoyenne au plus grand nombre d’endroits possibles dans la région pour que ces ressources soient disponibles à la manière de sentinelles, entre autres dans les entreprises où il y a beaucoup d’employés », conclut Mme Carbonneau.

Une nouvelle cohorte pour l’escouade citoyenne sera lancée en janvier. Les personnes intéressées peuvent contacter la Maison Le FAR pour s’inscrire ou remplir le formulaire à ce sujet sur le web à maisonlefar.ca/je-veux-faire-une-difference/devenir-benevole.