Projet de loi C-21: le Club de tir de Saint-Tite sonne l’alarme
SAINT-TITE. À quelques jours de sa journée portes ouvertes annuelle, le Club de tir de Saint-Tite souhaite sensibiliser la population à propos des conséquences du projet de loi C-21 du gouvernement Trudeau qui menace la survie à long terme des organisations comme la sienne.
Depuis l’automne 2022, il existe un moratoire sur l’achat, la vente ou le transfert des armes de poing au Canada. Si le texte législatif devait passer avec succès au travers toutes les étapes à la Chambre des communes, cette interdiction serait enchâssée une fois pour toutes dans la loi. « Nous comptons plus de 800 membres et environ 80% d’entre eux viennent ici pour faire du tir de précision avec une arme de poing, soit un pistolet ou un revolver », explique Daniel Bordeleau, président du Club de tir de Saint-Tite.
En tant que tel, le projet de loi C-21 accorde un droit acquis aux Canadiens possédant déjà ce type d’arme à autorisation restreinte, mais dans les faits, c’est à toute une nouvelle génération de tireurs sportifs que les clubs de tir n’ont plus accès maintenant. « Même si mon enfant avait son Permis de possession et d’acquisition d’arme à feu à autorisation restreinte, je ne pourrais pas lui léguer mon revolver si je devais décéder », déplore Michel Boily, administrateur et responsable des communications au Club de tir de Saint-Tite.
Situé en bordure de la route 153, entre Hérouxville et Saint-Tite, le champ de tir existe depuis plus de 40 ans et bénéficie d’une excellente réputation auprès des tireurs sportifs et chasseurs de la région. Avec celui de Sainte-Marthe-du-Cap-de-la-Madeleine à Trois-Rivières, le Club de tir de Saint-Tite est le plus important en Mauricie. « On en retrouve aussi à Pointe-du-Lac, La Tuque et Bécancour, mais les gens aiment venir ici pour notre accessibilité, nous sommes ouverts 365 jours par année, et parce nous sommes éloignés des quartiers résidentiels, tout près d’un parc industriel. Il n’y a donc pas d’enjeu avec le bruit », souligne Daniel Bordeleau.
Daniel Bordeleau et Michel Boily, respectivement président et administrateur au Club de tir de Saint-Tite. (Photo L’Hebdo – Bernard Lepage)
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les chasseurs ne constituent qu’une faible proportion de la clientèle qui utilisent les installations du Club de tir de Saint-Tite. « On les voit venir ici habituellement à l’automne avant la chasse pour venir ajuster leur arme », remarque Michel Boily.
Concernant les tireurs sportifs utilisant une arme de poing, le président du club les compare plutôt aux adeptes des verts. « C’est comme un golfeur qui s’entraîne à taper la balle en cherchant à améliorer sa précision. Pour nous, on met l’accent sur le contrôle de la respiration, le contrôle des mains. Et les plus mordus comme moi vont faire du rechargement, c’est-à-dire qu’on refait nos balles à partir des douilles qui ont été tirées. Tu remets de la poudre, des amorces, des plombs. C’est comme faire du fine tuning. En refaisant ta balle, tu viens chercher ce que la munition commerciale ne t’offre pas, c’est-à-dire le maximum de précision, de distance. Le rechargement, ça fait partie du plaisir des tireurs sportifs un peu plus mordus », note Daniel Bordeleau.
Une loi politique
Selon lui, le projet de loi C-21 est très politique. « Quand j’entends le premier ministre Trudeau dire qu’il s’occupe du problème des armes à feu, il donne plutôt l’illusion de s’en occuper. La tuerie de Portapique en 2020, en Nouvelle-Écosse, ou les meurtres de gangs de rue à Montréal, c’est avec des armes qui ont été achetées illégalement aux États-Unis ou qui ont été fabriquées avec des imprimantes 3D qu’ils ont été commis. Les propriétaires d’armes de poing comme moi, on est déjà enregistré dans un registre et le gouvernement sait combien où j’habite et combien j’en ai », déplore le président.
Si le projet de loi C-21 devait être adopté et menacer éventuellement la survie des clubs de tir, c’est un retour en arrière auquel on assistera estime Michel Boily en rappelant l’époque des amateurs à la recherche d’un champ ou d’un boisé pour aller tirer quelques coups. Le Club de tir de Saint-Tite, qui prévoit aussi aménager dans les prochains mois un espace pour les amateurs de tir à l’arc et à l’arbalète, devra aussi évaluer la pertinence de continuer à investir si le bassin de futurs membres venait à lui être coupé. « Ce n’est pas compliqué, les tireurs sportifs avec des armes de poing, c’est le gagne-pain de tous les clubs de tir », termine Daniel Bordeleau.
La journée portes ouvertes du Club de tir de Saint-Tite aura lieu le samedi 29 juillet. Il en coûte 140$ par année pour devenir membre et avoir accès au pas de tir pour les armes de poing et au pas de tir à la carabine. Pour le pas de tir à la carabine uniquement, le coût est de 90$.