L’aide de Québec demandée pour revaloriser des résidus miniers à Notre-Dame-de-Montauban
NOTRE-DAME-DE-MONTAUBAN. Déposée à la mi-avril, l’évaluation économique préliminaire du projet de retraitement des résidus miniers à Notre-Dame-de-Montauban laisse entrevoir une opération rentable, mais qui devra bénéficier d’un appui gouvernemental pour démarrer.
Rencontré sur le site, Jean-Yves Therien, président de ESGold – compagnie qui a pris le relais de Secova dans le dossier – parle d’un projet hybride, à la fois environnemental et minier, pour justifier que des deniers publics y soient investis.
Traiter les 925 000 tonnes de résidus répertoriés pour en extraire l’or, l’argent et le mica générerait des revenus de 62 millions$ sur une période de quatre ans et des bénéfices de près de 7 millions$ après impôt. Le retour sur l’investissement se ferait en moins de deux ans relève l’étude.
Mais pour démarrer les opérations, un investissement de 17,8 millions$ est nécessaire pour finaliser les installations de l’usine et se doter d’un fonds de roulement de deux à trois mois, le temps de traiter et vendre les premiers métaux récupérés sur le site.
Trente emplois et une redevance à la municipalité
« Ce n’est pas un projet minier standard parce que ce n’est pas assez gros pour intéresser les financiers qui investissent dans l’industrie minière. J’ai des gens intéressés à embarquer, mais ils me demandent si le gouvernement va participer », explique Jean-Yves Therien qui évoque la création de 30 emplois, de 2,5 millions $ en salaire par année durant quatre ans, ainsi que du versement d’une redevance de 1% à la municipalité de Notre-Dame-de-Montauban, soit environ 600 000$.
Pour Québec, il s’agirait d’un projet avantageux à plusieurs égards soutient-il. « En combinant l’impôt sur les salaires des employés et l’impôt des compagnies, ce sont 10 millions $ qui reviendraient dans les coffres du gouvernement. Et ça, c’est sans compter sur le fait qu’on va décontaminer un site minier orphelin dont l’État à la responsabilité et qu’on réserve un montant de 1,2 million $ dans un fonds de restauration », poursuit le président de ESGold.
L’évaluation économique préliminaire s’est attardée sur le potentiel de 925 000 tonnes de résidus miniers, mais historiquement, l’ensemble du site de Montauban-les-Mines, exploité de 1911 à 1990, en contiendra trois fois plus, soit près de 3 millions de tonnes. « Si on serait capable de trouver ces résidus, dont certains seraient dans les galeries souterraines, on ne parle plus de quatre ans d’opération, mais peut être de douze ans », souligne avec enthousiasme Jean-Yves Therien.
Revalorisation des sables traités
Le président de ESGold évoque également la possibilité d’un projet à valeur ajoutée si on parvenait à revaloriser le sable traité après qu’on en aura extrait les minéraux. « L’idée, ce serait d’en faire un ciment qui pourrait servir pour fabriquer des pavés ou des briques. Là, on n’est plus seulement dans le minier, mais dans le recyclage et l’économie circulaire. Ça pourrait amener une autre entreprise dans la municipalité et des emplois supplémentaires », laisse-t-il entrevoir.
À ses côtés, le maire Marcel Picard abonde. « C’est une compagnie qu’on attend depuis longtemps. On veut développer le volet récréotouristique à Notre-Dame-de-Montauban et ce site, c’est comme une cicatrice sur notre territoire. On n’est pas bien fier de ça. Et 30 emplois bien payés pour une population de 800 personnes, c’est énorme », poursuit celui qui a été élu en novembre 2021 et qui dit se faire questionner par les citoyens à chaque séance publique au sujet du projet minier.
Jean-Yves Therien ne veut pas chiffrer la part qu’il souhaite obtenir de l’État, mais rappelle qu’en 2012, le gouvernement de l’époque avait offert 19 millions $ à Genivar pour enterrer les 300 000 tonnes de résidus miniers se trouvant sur les sites orphelins sous sa responsabilité à Notre-Dame-de-Montauban. « Le plan prévoyait de faire un trou, mettre une toile géodésique et d’enterrer les résidus. Aujourd’hui, on demande une aide financière pour décontaminer le site et en plus, on va leur verser des taxes. »
Le promoteur ne fixe pas d’ultimatum au gouvernement, mais souligne que les investisseurs avec lui ont déjà mis des millions$ dans le projet. « Nous n’avons pas une vision de fonctionnaire. Nous sommes plutôt dans l’urgence. Il faut qu’il se passe quelque chose en 2023 sinon, on va devoir penser à un autre plan », termine-t-il.